Une fois n’est pas coutume, je traîne un blues pas possible depuis que je suis rentrée de Londres.

Il y a quelque chose dans cette ville qui me plaît et me touche si profondément, j’y ressens une paix incroyable alors que bon, ça reste une grande ville bien loin de mes aspirations normando-bretonnes.

Le centre de Londres fait l’impression d’un grand échiquier, où de petites bâtisses de briques rouges alternent avec des hôtels particuliers huppés peints en blanc, aux portes magistrales noires et aux fenêtres pudiques. À Notting Hill, des panneaux nous enjoignent à prévenir la police si certains comportements semblent suspects… À Camden, on nous apprend plutôt que les gentilles filles vont au paradis, et les mauvaises à Londres, entre deux Burger King. Ce qui me plaît assez.

On dit que Londres est la capitale du monde. Pourtant, dès qu’on s’éloigne un peu, on est surpris par le calme et la courtoisie qui y règne. À Paris, ça grouille, tout le temps… Trop de gens, tout le temps. J’avoue : cela m’est insupportable.

À Paris, je suis très régulièrement dévisagée. Et quand je dis dévisagée, je veux dire dévisagée, scrutée, même pas à la dérobée. La faute sans doute à mon bon mètre quatre-vingt++ et à ma tignasse rousse – il paraît que ce n’est pas si courant. Si je gagnais un euro à chaque fois qu’on me parle de ma taille… Bon, ok, admettons, c’est lourd mais j’ai fini par m’y habituer. J’ai conscience de ce corps différent, toute proportion gardée.

À Londres, les seules personnes qui m’ont dévisagée – et il a vraiment fallu que ça soit soutenu pour que je le remarque dans de pareilles circonstances –, c’était des touristes français. Les Londoniens n’en ont tellement rien à carrer de mon mètre quatre-vingt six ! Sans doute en ai-je profité, à mon tour, pour les dévorer du regard à mon tour, quel que soit le quartier. En tant que capitale de la mode, Londres a tellement de choses à apprendre à Paris !

Bien sûr, ce qui se passe à Londres, reste à Londres. Aussi je ne vous raconterai pas en détails ce que j’y ai fait, vu, goûté, découvert. Ce n’est pas ça qui importe, au fond : ce qui importe, c’est que vous y alliez, vous, pour vivre cette ville à votre façon, loin de ce que vous recommande unetelle sur son petit blog. Cette ville a tellement de visages différents à offrir à qui sait regarder… J’en ai déjà parlé plusieurs fois, et je contre-attaque.

Sincèrement, allez-y.

Tant de kilomètres parcourus chaque jour, pour tenter de capturer intensément ces visages et ces devantures et cet accent, cette ambiance détendue et tellement rock qui règne à chaque coin de rue. Les filles à cheveux rose, le vieux gothique timide de Camden, les tatoueurs sur le pouce, les masseurs chinois, tous les autres touristes, les gardiens dans les musées, les gardiens de la Tour de Londres, les serveuses et serveurs dans les restaurants, les réceptionnistes de notre hôtel, les vendeurs de chez Urban Outfitters, les vendeuses de Primrose Bakery, les disquaires, tous ces anonymes au visage singulier que j’ai été contente de croiser, tous ces gens m’ont permis de me sentir moins étrangère que d’habitude, dans un autre pays que le mien.

À mon retour de Paris, je me suis sentie, dès les premières minutes, compressée, mal à l’aise, dévisagée, poussée, abrutie par tant de monde et tant de promiscuité. Les jours passant, c’est à ma propre singularité que je me suis heurtée – une fois de plus « à cause de » ou « grâce à » ma sensibilité que d’aucuns jugent exagérée, déplacée, trop honnête, peut-être ? Question de point de vue.

Londres repartie, ne me reste que cette sensation d’étrangeté, de non appartenance, sans que cela soit synonyme de liberté pour autant. Ici il y a toujours quelque chose qui ne va pas, quelque chose qui me déplaît – et ce n’est pas comme je le pensais, l’absence de la mer, mais peut-être, simplement, l’absence de jugement.

La seule que j’ai été contente de retrouver, sur le moment, c’est Shera, à qui j’avais visiblement beaucoup manqué. J’aurais souhaité que plonger dans sa belle fourrure bleue suffise à me faire oublier que j’étais rentrée.

Marie

17 commentaires

  1. J’aimerai beaucoup y aller, chéri n’aime pas Londres, je n’ai jamais vraiment réussis à avoir de réponse claire sur le pourquoi, mais je pense que le fait qu’il y soit allé en étant ado n’aide pas trop.

    Bref, de toute façon je ne lui ai pas laissé le choix, si 2012 me le permet j’aimerai qu’on passe une semaine la-bas pour découvrir la ville et me faire mon propre avis, car ce que j’en vois à chaque fois en photo me donne très envie. :)

  2. Voilà une destination pas trop loin, accessible et bien choisie. Malgré que la vie y soit cher (c’est tout du moins ce que l’on m’a raconté), j’adorerais aussi y passer une semaine, et je suis sur que ça ne suffirait pas pour en faire le tour.
    En tout cas, la ville est noté sur le calendrier voyage, même si la date reste indéterminée.

  3. J’y suis passé deux fois et grosse impression également !
    Le R-U de manière générale possède vraiment un tempérament propre qui change tellement de la France … Chaque pays bien sûr a son propre style mais gros coup de coeur pour les cousins bretons (et même que l’Ecosse / THE NORTH c’est encore plus sympa pour ce que j’en ai goûté).

  4. Salut à vous trois, un grand merci pour vos commentaires ! <3

    @Vivien : oui la vie est chère à Londres, surtout dans la mesure où, quand tu es en vacances, tu n’as pas exactement envie de te priver face à la tentation permanente de tenter restaus et mets typiquement british ;-)

    Une semaine c’est déjà super pour une première fois, tu as moyen d’aller voir l’essentiel et d’en prendre plein les yeux ! Westminster, le British Museum, Camden, tu peux y aller — non pas les yeux fermés hein ça serait dommage – mais tu peux y aller en confiance, tu ne seras pas déçu !

    @Mealin : j’adorerais aller en Écosse, figure-toi ! On m’en a beaucoup parlé, et c’est clair que ça nourrirait pour envie de grands espaces… Parce que Londres, ça reste une ville immense, certes dépaysante pour toutes les raisons évoquées, mais pas aussi apaisante que doivent l’être les sublimes paysages écossais (et puis, l’Écosse, c’est le pays de Sean Connery ! #nerd)

    Y a-t-il des endroits en particulier que tu me recommandes là-bas ?

  5. Iles de Lewis et de Skye sans hésiter, et toujours dans cette quête de grands espaces dont tu parles (si tu n’as pas peur des moutons omniprésents – façon zombies effrayants la nuit ) la côte nord des Highlands.

    L’intérieur des terres réserves aussi de belles surprises :) mais dans le plus dépaysant et « sauvage » à ne pas manquer il faut vraiment monter suivre THE NORTH :3

  6. Super, merci pour tes conseils :)

  7. Salut la Fée,

    Je vois que la régularité d’écriture dans ton espace personnel, as you say, est à l’égale de la mienne – pauvres de nous…

    C’est bien les voyages, n’est-ce pas ?

    Ces derniers temps je me place sous le signe du mouvement. A Noël Madrid, en mars Jerez de la Frontera, à Pâques peut-être encore l’Espagne, mais ailleurs, ou Madrid encore, et puis l’Islande en juillet. Marre de rester dans les mêmes aires avec les même gens, ceux qui te jugent – justement – et ce sans le faire à mal, comme un réflexe anthropologique pour garder les individus d’une société dans un cadre de normalité (cf. Foucault). Je ne te savais pas aussi grande, ou plutôt moi si petit.

    A Madrid, et plus généralement en Espagne, mais surtout à Madrid, il y a cette liberté dont tu parles, celle que tu as expérimentée dans le laisser vivre dans des espaces partagés. Je ne suis pas gay (ça tu le sais déjà) mais je fais attention selon les pays comment cette « condition » est considérée. En France, les choses ne sont pas claires, et c’est pour cela qu’on en parle, parfois mal, on stigmatise, on montre du doigt « ces gens qui sont comme nous ». Et puis dans la capitale espagnole, les amoureux se tiennent par la main et personne ne fait attention, sinon la scène qui charme parce que c’est beau un couple : qu’importe si ce sont deux filles, une fille et un garçon, ou deux garçons. Et j’ai senti une expansion, une bouffée de liberté où le bonheur est la seule référence. J’aimerais qu’en France et de la même façon dans le reste du monde les choses soient aussi simples et respectueuses, parce que, tout simplement, c’est bien de s’aimer.

    Londres, je n’y suis plus allé depuis mes 17 ans… ça passe vite la vie, tu ne trouves pas ?

    Bises la Fée et à bientôt quelques soient les terres.
    Bises à ton SpleenMAn
    Gillou

  8. Londres, c’est cool !
    J’y ai habité une année et j’en garde de bons souvenirs même si je ne sais pas si c’est le dépaysement qui rend l’expérience de vie plus excitante où si c’est vraiment une ville plus rigolote que Paris…
    J’habitais à Camberwell, quartier assez craignos, avec plein de bande de noirs et des panneaux witness call mais je trouvais ça amusant alors qu’en France, ça m’aurait certainement paru glauque et morne.

    T’as dû aller au Cyberdog, à Camden !

  9. Salut Yop !

    Merci pour ton commentaire !

    Oui je suis passée au Cyberdog, et, comment dire… j’ai ri ^_^

  10. Bonjour,

    Un grand MERCI pour vos infos et la beauté de votre ‘blog’.
    Je note toutes les infos concernant Harry Potter et Londres (en effet, j’aimerais organiser un long week-end Harry Potter pour Soline, ma fille de 10 ans). Petite question : vous n’avez pas une idée ‘originale’ pour le logement ?

    D’avance merci (si jamais vous avez besoin d’une info concernant la Belgique… n’hésitez pas).
    Eddy

    1. Bonsoir Eddy,

      D’expérience personnelle, j’ai toujours logé dans des hôtels corrects mais dénués de poésie.

      Une recherche Google t’indiquera des hôtels insolites à Londres :-)

      Bon séjour !

  11. Peppie-Luna

    9 août 2013

    Hello there! Je cherchais des bons plans pour des Doc Martens pas chères à Londres, et de fil en aiguille je me suis retrouvée sur ton blog. La façon dont tu parles de cette ville me touche énormément, pour la simple et bonne raison que j’ai l’impression de ressentir exactement la même chose : un sentiment de non-appartenance à Paris, et une irrépressible attirance vers le monde anglophone, en particulier LONDRES. Je dis souvent pour décrire Londres que c’est « un univers magique où tout est merveilleux ». Parce que quand je m’y rend (pas assez souvent malheureusement, faute d’argent, mais j’y vais dans 3 jours, I’M SO EXCITED!!), je suis comme une gosse dans un magasin de jouets, les yeux pleins d’étoiles, grand ouverts sur tout ce qui m’entoure. Londres me fascine, m’appelle, je suis victime du London Calling, ouais, comme diraient les Clash. Depuis toute petite, la ville m’attire, sans raison particulière, d’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours rêvé d’y aller/vivre. Sans doute parce qu’en effet, et j’en suis convaincue, Londres a un pouvoir magique qui la rend si spéciale. Désolée d’avoir rédigé un tel pavé, d’autant que l’article date de 2012 et que je ne suis pas certaine que tu consultes encore ton blog. Je vais simplement finir avec la conclusion d’un livre intitulé « Les pintades à Londres, chroniques de vie des londoniennes » : « Londres, ça s’attrape un beau jour, ça vous change le caractère et ça ne vous quitte plus. » <3 Bonne continuation !

    1. Salut Peppie-Luna,

      Si, si, mon blog est toujours actif et je lis chaque nouveau commentaire avec curiosité :-)

      Merci pour avoir partagé ton ressenti. En effet c’est un univers un peu magique, à dix mille lieues de Paris. Le flegme anglo-saxon y est pour beaucoup.

      Bon séjour :)

  12. Bonjour marie,
    Tres sympa ton blog, je me reconnais tellement dans ce que tu écris, notamment dans le blues que l on ressent lorsque l on rentre en france! Tout semble si facile à londres! Personne ne juge sur le physique mais plutot sur la « personne » ( c est pas en france qu on engagerai des vendeuses avec des cheveux bleu! :-). ) , personnellement je m y sent en sécurité, bien plus qu à paris. Comme vous j adore trainer à camden, j ai meme fait découvrir cyberdog à ma grand mere de 75 ans :-), bon elle n a pas trop aimé, mais elle a reconnu l originalité! Je ne comprends pas les gens qui n aiment pas londres!
    Question nourriture j adore m&s comme toi, surtout leurs cookies!!! À chaque escapade ce n est pas très light, mais on profite à fond!

    Peut etre que nous nous croiserons un jour la bas, je serai la touriste francaise qui te regardera :-)

    Bonne soiree,

    Mc

    1. Bonsoir Mc,

      Merci pour tes commentaires ! ^.^

      Tout semble si facile à londres! Personne ne juge sur le physique mais plutot sur la « personne » ( c est pas en france qu on engagerai des vendeuses avec des cheveux bleu! :-) . )

      Oui, voilà, c’est tout à fait ça !

      En tout cas, je note sur ma to do list : goûter les cookies de Marks & Spencer. :)

  13. Enfin je découvre que je ne suis pas seule sur cette planète !
    Depuis mon premier voyage a Londres il y a trente ans, je suis complètement envoûtée par cette ville. J y suis allée une quinzaine de fois, des voyages de trois à sept jours, et pourtant, chacun est l occasion de nouvelles découvertes. Dernières en date : les arcades entre Piccadilly et jermyn street, la boutique de chaussures Irregular Choice,la boutique Twinnings et le distributeur a l entrée de la Lloyd face aux Royal Courts of Justice (merci ‘Londres insolite et secret’).
    A chaque fois on me demande pourquoi je ne vais pas visiter Paris. J ai essayé. Plusieurs fois. Entre amies, en famille ou en couple. Les musées sont superbes c’est vrai. Mais la magie n y est pas. La différence entre ces deux villes peut se résumer par cette anecdote : impossible de s’arrêter pour regarder la carte tranquillement et trouver son chemin. A Paris car on vous bouscule et à londres car il y a tout de suite quelqu’un pour vous aider.

    1. Bonsoir Michele,

      Merci pour toutes tes bonnes idées de choses à faire ! As-tu lu mon billet Londres insolite et secrète ? :)

      À bientôt !

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