Il y a quelques jours, j’ai lu le billet Fight The Fear de Nubby Twiglet, et cela m’a beaucoup inspirée.
Elle y parle de la peur au sens large, de cette peur qui nous empêche de réaliser nos rêves et de prendre des initiatives, sur fond de « Oui, mais si jamais ça se passe mal, je fais quoi ? ».
Tant et si bien qu’au final on finit par ne prendre aucune décision, et par rester englué dans notre confortable routine, voyant les années défiler et nos rêves prendre la poussière sur l’étagère.
De la chance
Depuis que j’ai annoncé que je déménageais, j’ai reçu plein de témoignages de sympathie et d’encouragement (et pas mal de critiques aussi, certes).
Il y a une phrase qui est beaucoup revenue : c’est celle selon laquelle ce déménagement et ce changement de vie seraient dus à de « la chance ».
Au fond, c’est vrai, j’ai de la chance de quitter Paris ; j’ai de la chance de m’installer en Bretagne ; j’ai de la chance de faire un métier qui me passionne ; etc.
Mais cette « chance » dont on parle sous-entend que tout ça me serait tombé tout cuit dans le bec, qu’une force invisible aurait tout fait à ma place, et que, moi, je me contenterais juste de récolter les fruits de cette chance révoltante.
Or, tout ça n’est pas une question de chance, mais de volonté et de travail.
J’ai travaillé dur pour en arriver là. Personne n’a pris cette décision à ma place, et personne n’a travaillé à ma place afin que cette décision se concrétise.
Quand je parle de « travail », je parle de bosser au sens propre (parce qu’un déménagement, ça demande beaucoup d’organisation, et puis ça coûte une blinde !), mais je parle aussi des efforts à fournir moralement :
- prendre la décision en elle-même, après des années de cogitations et de tâtonnements,
- négocier avec mon employeur,
- convaincre mon entourage (avec plus ou moins de succès),
- répondre 300 fois aux mêmes questions (« C’est quand déjà le déménagement ? Vous avez fini vos cartons ? Vous avez trouvé un appart’ ? C’est au centre ville ? Et lui, il a trouvé du boulot là-bas ? Et sinon, le transport au quotidien ça ne va pas t’épuiser ? » ← dixit les gens attentionnés qui ne te plaquent pas du tout leur stress dessus),
- supporter, du coup, ton stress, leur stress, le stress de ta moitié, le stress de ton chat, le stress de tes parents, le stress de la terre entière,
- accorder ses violons en tant que couple (sehr, sehr wichtig),
- devoir supporter l’attente (attendre que notre dossier de location soit validé, par exemple),
- (essayer de) penser à tout,
- stresser, mal dormir, avoir mal au ventre, etc.
Prendre des risques
D’un certain côté, c’est le genre de décision qui s’est imposée d’elle-même parce que certaines conditions-clés étaient réunies. D’aucuns pourraient effectivement appeler ça « de la chance ».
Mais j’ai quand même dû forcer un peu le destin. Tout ne s’est pas forcément enchaîné comme je l’aurais souhaité.
Je me dis que c’est normal : rien ne se fait jamais sans prendre un minimum de risque.
Ce déménagement a peut-être l’air évident et facile vu de l’extérieur, parce que je m’attache à l’esthétiser et à le dédramatiser.
Mais je ne vous raconte pas le côté obscur de cette entreprise, parce que, sur mon blog, je préfère me concentrer sur le positif, et aussi parce que je veille à ne pas trop franchir la limite de ma sphère privée.
Ce que je retiendrai de tout ça, c’est qu’il est illusoire de croire qu’une décision personnelle peut faire l’unanimité. Ce n’est jamais le cas.
De la peur
Quand j’étais étudiante à Sciences Po, j’étais malheureuse. Ces études, bien que passionnantes, ne correspondaient pas du tout à mes aspirations.
Moi je rêvais d’art, de graphisme et de web ; là-bas, on me causait géopolitique, histoire et droit constitutionnel. Les journées étaient longues et je m’ennuyais beaucoup.
Par chance, ça a commencé à s’améliorer dès la deuxième année, où j’ai commencé les cours de sociologie et d’anthropologie, deux matières qui ont totalement bouleversé ma perception du monde.
Je pense que je suis ce que je suis aujourd’hui en partie grâce à ces cours-là et à ces profs-là (oui, je parle de vous, Mathilde Dubesset et Philippe Veitl).
Tout à coup, l’occasion en or
À l’époque, le master proposé par Sciences Po s’obtenait en quatre ans. En troisième année, il a donc fallu que je réfléchisse à la façon dont j’allais conclure mon cursus.
Plusieurs choix s’offraient à moi :
- Rester à Grenoble et faire une quatrième année académique à Sciences Po, tout en calant un stage de 6 mois ;
- Me lancer dans un stage longue durée d’un an, et éventuellement quitter Grenoble ;
- Ou bien carrément partir un an à l’étranger, là aussi soit pour étudier, soit pour faire un stage.
L’écrasante majorité de ma promo a tenté le coup à l’étranger. Qui partait à Berlin, qui partait à Londres, et d’autres, plus loin encore : c’était clairement ce à quoi nous exhortait l’école, qu’il fallait qu’on en profite, que c’était une occasion en or.
Et soudain, la peur
Moi qui avais pourtant un bon niveau en anglais et en allemand, je n’avais absolument pas envie de ça.
Je sortais de plusieurs années difficiles personnellement, et l’idée de devoir faire des pieds et des mains pour trouver un stage à l’étranger, devoir y trouver un logement, m’y expatrier, m’y acclimater, ne me faisait pas du tout rêver !
Je crois que j’avais peur : peur de ne pas maîtriser assez la langue, peur de ne me retrouver qu’avec des étudiants de Sciences Po (faune que j’évitais soigneusement, ne me sentant pas du tout des leurs), peur de m’ennuyer, peur de ne pas me plaire, peur de me prédestiner à un métier qui ne me correspondrait pas…
Moi qui subissais déjà suffisamment ces études, je n’avais pas envie, en plus, de me cogner un voyage pénible et de me retrouver toute seule au bout du monde (</dramatisation>).
J’avais juste envie de sortir de l’ambiance Sciences Po dès que possible, de vivre par moi-même et de me faire ma propre expérience, dans des conditions que j’aurais choisies.
J’avais vraiment envie d’autre chose que de suivre Le Chemin Tout Tracé qui se dressait devant moi. Pour une fois, j’avais envie de décider, pour moi, ce qui me plairait, à moi.
Trouver son propre chemin
Contrairement à certains camarades, moi je n’avais aucun piston ni aucun contact d’aucune sorte qui aurait pu me dénicher un stage aux frais de la princesse.
Non, je me suis débrouillée pour trouver un stage toute seule, et pour en négocier les termes.
Tout cela en supportant par ailleurs les questions du genre « Keuâh ? Tu ne pars pas à l’étranger ? Mais pourkeuâh ? », et en répondant 500 fois la même chose (« PARCE KEUH ! »).
Ensuite, comme je voulais quitter l’Isère, j’ai du me débrouiller pour déménager à moindre coût (je ne gagnais pas encore ma vie à cette époque), pour trouver un petit studio sur place, et pour me dépatouiller entièrement seule.
Certain-e-s de mes camarades à l’époque se sont évidemment émus que je parte à Cherbourg, qui se situe à l’opposé de Grenoble, géographiquement parlant.
En outre, certains de mes proches ont violemment critiqué ce choix.
Mais c’était mon choix. J’étais sûre de ma décision et je me suis accrochée.
Tout cela m’a conduit à faire un stage de huit mois à l’École des Beaux-Arts de Cherbourg-Octeville, grâce auquel j’ai rencontré des personnes qui ont changé ma vie, et qui m’a surtout aidée à savoir ce que je valais sur le terrain, hors de la coquille protectrice d’un campus.
À cette époque comme aujourd’hui, je préfère toujours prendre un risque pour être à terme plus heureuse, plutôt que de me laisser dépérir dans une situation qui ne me convient pas.
Rétrospectivement, partir à Cherbourg pour faire ce stage-là n’était pas moins risqué que de faire une année de Master à l’étranger ; mais j’avais – pour une fois – pris moi-même la décision. Ça a été une étape importante dans ma vie.
S’inspirer d’autrui
Tout ça pour dire que Le Chemin Tout Tracé n’est qu’un mythe.
Quand on discute avec autrui et qu’on apprend quels chemins ils ont pris, on réalise à quel point tout le monde ou presque a pris des routes alternatives pour en arriver où il en est aujourd’hui.
Nombreux sont ceux qui se sont reconvertis, ceux qui ont changé de vie, ceux qui ont fait des choix contre lesquels on les a, eux aussi, mis en garde.
Et pourtant, ce sont précisément ces décisions-là qui confèrent à chaque personne avec qui j’ai eu la chance d’en discuter son originalité et sa richesse.
Ça rassure et ça encourage. Plutôt que de se focaliser sur Ce Que Font Les Braves Gens et sur Le Chemin Tout Tracé, j’ai trouvé de l’inspiration dans ces chemins de traverse et ces expériences qu’ont partagé avec moi mes interlocuteurs, tous horizons confondus.
Ma petite route
La conclusion de tout ça, c’est qu’il faut toujours rester connecté-e à ses envies profondes, et ne pas se laisser influencer par ce qu’autrui aimerait décider à notre place.
Il est tentant, je l’admets, de s’en remettre à l’avis des autres, et de ne jamais vraiment décider tout-e seul-e pour soi-même, comme un petit enfant qui s’en remet aveuglément à sa maman et à son papa (ou à ses mamans, ou à ses papas).
Être adulte, c’est prendre ses propres décisions, en dépit justement du qu’en-diront-papa-maman-le-chat-et-les-autres.
C’est violent au début, parce qu’on n’est pas habitué.
En particulier quand on est une femme, on est souvent infantilisée par son entourage : « T’es sûre ? Tu vas te planter ! » et mon préféré : « Tu vas le regretter ! » (← dixit les Cassandre de service qui feraient mieux de s’occuper de leur propre fondement).
Mais, à la longue, on s’habitue, même si au début c’est un peu fatiguant de résister et de devoir sans arrêt justifier ses choix. Du coup, à un moment, on arrête et on accepte simplement de suivre son propre petit bonhomme de chemin.
Prendre ses propres décisions, voler de ses propres ailes et travailler à la réalisation de ses rêves est extrêmement motivant. Cela vous transforme, vous épanouit.
Et puis ça fait des choses à raconter ! En particulier le jour de ce déménagement tant attendu !
Merci à vous qui avez suivi mes aventures et lu et/ou écouté mes cogitations ces derniers mois. Cela m’a fait beaucoup de bien d’en discuter avec vous !
Gaël
18 août 2014
Billet extrêmement rafraîchissant, j’ai beaucoup sourit :)
Lorsque j’ai fini mes études à Paris, j’ai suivi ma provinciale de petite amie à Nantes avec un pari : si je trouve du travail en moins d’une semaine, je m’installe à Nantes.
Ça fait maintenant 5 ans que je travaille à Nantes, et j’ai essuyé de nombreux diagnostics de folie par des médecins de tous genres – tous très bavards.
Pour éluder les reports d’angoisse via les questions absurdes, je répondais souvent par de nouvelles questions : pourquoi ça te semble fou ? Qu’est-ce qui te semble risqué, que pourrait-il bien se passer de dramatique ?
Les discussions prenaient parfois des virages inattendus :)
Rennes est une très belle ville, bravo pour la prise de risque, et merci de partager ces pérégrinations avec nous ! Ça illumine une partie de ma journée !
Marie
19 août 2014
Salut Gaël !
En effet, c’est une tactique intéressante : ça fait parler ton interlocuteur à ta place, du coup tu n’as pas à te justifier.
Mais cela te confine dans un rôle de confident qui n’est pas toujours approprié… ni très passionnant. Dans l’absolu, tout peut être sujet à discussion avec n’importe qui, mais ce n’est pas pour autant que cela est forcément intéressant (les gens qui parlent d’eux monologuent souvent, sans que tu puisses en placer une → la plaie !).
Merci d’avoir pris le temps de commenter et pour tes compliments, ça me touche beaucoup ! ^.^\m/
Ally
18 août 2014
C’est marrant j’ai l’impression que le « Tu as de la chance. » est dans l’air du temps. J’ai aussi lu des réfléxions là dessus sur les blogs de Ploum et de Nomad’s Heart.
Je fais partie de ces personnes qui, comme eux, comme toi, pensent qu’il n’y a pas de chance mais qu’on se crée des opportunités. Alors on a envie de dire aux autres, que eux aussi peuvent se créer un quotidien qui correspond plus à leurs attentes à condition de bouger leurs habitudes… C’est parfois dur, mais ça vaut le coup !
Concernant tes cours de sociologie et d’anthropologie, qui ont bouleversé ta perception du monde, j’aimerais en savoir davantage :)
Pour le choix de ta fin d’année d’étude, ça me rappelle un choix qui a été dur pour moi à une époque. Un choix que j’ai considéré, à tort, comme un renoncement. Peut être parce que c’était dans la « logique » des choses…
C’était également en fin d’études, j’étais allée en Ecosse pour une énième année d’informatique, au milieu de beaucoup trop de français. Au bout d’une semaine, j’ai pris la décision de rentrer. Car oui, j’étais à l’étranger comme je le rêvais depuis toujours mais ces conditions ne me convenaient pas et en plus, j’étais loin de ma famille. Ce n’était au fond ni les bonnes conditions, ni le bon moment pour moi.
Je n’ai jamais regretté cette année en Ecosse et cela ne m’a pas empêché de quitter ma famille quelques années plus tard pour voler de mes propres ailes à Paris, dans des conditions qui me ressemblaient plus.
Je pense qu’il y a finalement un temps pour tout. Tu as raison, être en accord avec soit-même est important. Certaines opportunités ne sont pas les bonnes. Si on veut quelque chose suffisamment fort, on saura en créer d’autres, prêt de ses envies profondes et pas dans les chemins « tous tracés ».
Marie
19 août 2014
Coucou Ally ! Merci de partager tout cela.
Exactement. Ce n’est pas parce que tu peux faire quelque chose que tu veux le faire. Et ça, c’est vraiment un truc hyper important, que tout le monde a tendance à oublier (à commencer par nous-mêmes…).
Tout cela est une question de timing, parfois les choses s’enchaînent de façon assez fluide et encourageante – personnellement je vois toujours de petits « signes » qui, selon moi, témoignent que j’ai pris la bonne décision.
Il faut compter avant tout sur soi-même, si on a confiance en soi et qu’on a du plomb dans la tête, on part avec un énorme atout, quoi qu’il arrive.
Il faut aussi bien se connaître ; revenir sur une décision qu’on a prise, comme tu l’as fait en Écosse, est encore plus difficile je pense que d’annoncer la décision initiale, car ça revient à faire aveu d’échec. Du moins, c’est sans doute comme ça qu’autrui l’interprète…
Mais ce n’est pas forcément un échec, au contraire ! Il faut du courage pour annuler une décision aussi impactante.
Nolwenn
18 août 2014
Ah ça me fait tellement plaisir de lire exactement ce que j’essaie de faire comprendre aux gens! Ce « t’as de la chance » qui m’exaspère tellement. Quand les gens apprennent que je suis animalière c’est « t’as de la chance, j’aurais trop voulu travailler avec des animaux »… Mouais, et explique-moi ce que t’as fait pour y arriver? Parce que j’ai fait des stages, postuler à toutes les formations, traversé (plusieurs fois) le pays pour m’exiler là où y avait du boulot pendant que vous habitez toujours le même bled où vous êtes nés, en face de chez papa-maman, mariés à 20 ans et parents dans la foulée… ça me rend folle de confondre la chance avec le mélange choix/volonté/travail.
Et oui les déménagements c’est stressant et c’est un bordel monstre (non j’ai pas fini mes cartons :P ) mais une fois que c’est fait et qu’on se sent chez soi… quel foutu bonheur!
Oli
18 août 2014
J’adore ce genre d’article très personnel mais qui au final parle à tout le monde. Il y a qu’à voir les commentaires ci-dessous :-)
Pour ma part c’était « tu as de la chance de partir en Australie ». Non c’est pas de la chance c’est juste vouloir faire quelque chose et se donner les moyens de le faire. Plein de gens rêvent de quitter leur boulot, tout plaqué et partir mais combien le font réellement ? Qu’il s’agisse de partir 3 mois, 6 mois, 1 an ou une vie, l’important c’est d’oser. Quelque que soit le projet, un voyage, un déménagement, un changement de profession etc il faut oser. Si l’envie et la volonté sont présente alors il faut franchir le dernier pas. C’est pas évident de quitter notre petite routine douillette mais c’est un risque à prendre. Et même si on se plante et bien tanpis, au moins on aura osé. Il n’y aura pas de regret à avoir et cela nous permettra d’oser à nouveau !
Bref vous avez osé et rien que pour ça je suis sûr que vous ne le regretterez pas :-)
Marie
19 août 2014
Coucou Oli !
Oui, ça me fait toujours chaud au cœur, car il m’en coûte toujours un peu d’écrire ce genre d’articles. Voir que ce billet suscite de la réflexion, des émotions et des discussions m’inspire et m’encourage à continuer ! ^.^\m/
Oui, je te rejoins à 100 % ! C’est clair que prendre la décision (quelle qu’elle soit) est la réelle épreuve. Déjà parce qu’elle résulte d’une certaine réflexion et d’un tête à tête avec soi-même pendant une période qui peut être assez longue… Une fois qu’on s’est décidé, difficile d’arrêter le moteur en marche.
Je pense que c’est parce que nos interlocuteurs sont encore loin, si loin, de prendre de telles décisions que leurs témoignages sont teintés d’admiration et/ou de peur par procuration.
Mais c’est vrai qu’au fond, je préfèrerais voir tout le monde bousculer ses habitudes et vivre sa vie à fond (car dieu sait que chacun-e d’entre nous en a, des rêves de côté), plutôt que d’observer les autres et regretter, au fond, de ne pas être capable de faire la même chose.
Je trouve que c’est vraiment pesant à la longue de devoir écouter les histoires de chacun, leurs propres frustrations… À un moment, plus personne ne t’écoute, toi, qui vas pourtant faire quelque chose qui sort de l’ordinaire !
Je n’ai toujours pas résolu ce paradoxe entre, d’une part, ceux qui ont fait des choses extraordinaires et qui en parlent très peu, et d’autre part, ceux qui ne font jamais rien d’extraordinaires, mais qui en parlent énormément.
Marie
19 août 2014
Salut Nolwenn ! Ça me fait plaisir de te lire ! ^.^
Je comprends totalement ! Ce qui me fout en rogne, c’est que les gens qui tiennent ce genre de discours ne se rendent même pas compte à quel point ils peuvent paraître frustrés, ni de quelle liberté ils disposent.
Après tout, quand on veut quelque chose, rien ne nous empêche d’essayer. On devrait d’ailleurs toujours essayer d’obtenir ce que l’on veut vraiment, histoire de ne rien regretter.
Mais je crois qu’au fond, Cabaroc a raison : ce « tu as de la chance de faire ça » veut surtout dire « tu as de la force pour le faire ». C’est, quelque part, un aveu d’impuissance, et je trouve ça assez triste.
C’est clair ! Découvrir son nouvel environnement, les nouveaux bruits (ou plutôt les nouveaux silences, quand tu quittes Paris pour t’installer en région), installer tes affaires dans ton nouvel espace, … Tout cela fait du bien au moral. :)
Nolwenn
30 août 2014
Je t’avoue qu’il me reste un petit deux semaines avant déménagement là, et je pense être à un cheveu de l’ulcère… Surtout que c’est toujours pas calé niveau déménageurs justement (en plus ça coûte un bras + un rein). (Sans compter les conditions ô combien vicieuses pour obtenir des aides, ce qui fait que tu n’obtiens rien) Par contre, mon chat n’a pas l’air trop stressé. :D
C’est vrai que « T’as de la chance » semble vouloir dire « T’as de la force », parfois. Mais j’arrive pas à le prendre « bien », souvent parce que justement, les gens semblent vouloir te remettre sur ce qu’ils considèrent comme le droit chemin -ceux qui te prédisent que tu vas le regretter- genre « Moi j’aimerais bien mais je peux pas: j’ai les enfants… au fait, TOI, TU T’Y METS QUAND, A FAIRE DES ENFANTS? » Surtout sors pas du moule ma fille, tu pourrais bien le regretter! Ah les gens qui voudraient choisir à ta place…
Bon sinon je pars m’enterrer dans un petit bled avec mon chat et mes deux futurs chiens, donc si un jour tu passes par l’Aveyron, n’hésite pas à faire signe, même si comme tu es grande, je te cache pas qu’il y a un risque que tu touches le plafond avec la tête (on est sur un concept de maison de hobbit)… :D
Mathea
19 août 2014
Ah oui, la fameuse chance !
Combien de fois j’ai entendu moi aussi que j’étais chanceuse…
C’est vrai, et c’est ce que je réponds toujours, je suis chanceuse car je suis née dans un pays libre et démocratique (si si !), que j’ai eu de la chance d’avoir des parents qui m’ont permis de faire des études.
Mais la chance s’arrête là.
Après il faut suivre son propre chemin comme tu dis Marie et chacun est responsable de sa vie…
Nous venons de passer deux semaines de vacances en Italie dans ma belle-famille et j’ai entendu au moins une fois par jour autour de nous « oui moi aussi si je pouvais, je partirais vivre à l’étranger… » arguant mille excuses de j’ai quand même un travail – j’ai une famille – j’ai des enfants – oui mais tu sais quitter la famille tout ça c’est c’est dur, etc.
La vérité c’est que peu de gens sont honnêtes et sincères envers eux-mêmes et que ces paroles sont souvent des paroles en l’air.
Qui est VRAIMENT prêt à tout quitter pour partir s’installer ailleurs, à l’aventure, sans appartement ni travail ni points de repères ni famille ni amis ? Peu au final.
Après le stress – un peu – négatif de l’emballage et du déménagement, vive le stress positif du déballage et les retrouvailles avec tous ces menus objets qu’on avait déjà oubliés ! :-)
Enfin la peur est un très bon moteur pour se dépasser et repousser ses propres limites quelquefois !
Bienvenue dans votre nouveau chez-vous Marie !
Marie
19 août 2014
Bonsoir Mathea !
Exactement ! Moi aussi, j’ai longtemps cherché des excuses pour ne pas bouger une fois de plus (j’ai beaucoup déménagé pendant mon adolescence et mes études), mais j’ai compris l’année dernière que le bonheur n’ira jamais à toi, c’est à toi de le prendre par les épaules et d’aller vers lui.
Mais je conçois très bien que mon rêve n’est pas forcément le rêve d’autrui, et vice-versa. Certains provinciaux rêvent sans doute de rejoindre Paris, alors que moi je ne désire qu’une chose : la quitter !
Merci ! ^.^ Pour le moment on est ravis !
Cabaroc
19 août 2014
Les gens qui disent tu as « de la chance » sont souvent ceux qui n’ont pas eu la force de prendre les mêmes risques que toi, mais il est difficile d’admettre que l’on a peur, alors on s’en remet à la chance, c’est beaucoup plus rassurant.
La prochaine fois qu’on te dit « tu as de la chance » pense plutôt qu’on veut te dire « tu as de la force ».
Marie
19 août 2014
J’aime vraiment beaucoup cette analyse. J’y ai réfléchi cette nuit, et je pense que tu as totalement raison. Il y a une forme d’admiration larvée dans cette notion de « chance ».
Même si, étymologiquement, la chance se réfère plutôt au hasard, ce qui sous-entend qu’une décision qui serait dûe à la « chance » nous dépasserait, que ça serait dû au hasard et à lui seul, et que, comme le LOTO, les pourcentages sont très faibles qu’on gagne un jour.
En tout cas, j’adore cette notion de force, car il en faut pour gérer l’évènement en lui-même mais aussi tous les à côtés. ^.^
Philippe
20 août 2014
Réaliser un rêve c’est comme enlever les ptites roues quand on apprend à faire du vélo :
Au départ c’est très bancal, puis on va tomber, après on aura envie de les remettre mais si on s’accroche un peu ça sera une sensation sympa.
Évidemment, il y a rêve et rêve. De ce que tu as partagé avec nous, ta réflexion n’était pas issue de la dernière pluie, c’était réfléchi, voulu depuis un certain temps.
Tu n’as pas subitement décider de tout plaquer pour aller vivre dans une ferme péruvienne qui recueille les lamas blessés.
Tu as voulu tenter ta chance, mettre un coup de pied au derrière du destin.
Il y a toujours un moment où on lâche prise d’un côté alors qu’on n’est pas sûr de la prise qu’on vient de saisir en face… Cette peur est normal, je l’appelle « la peur de perdre ce qui nous tient à cœur ».
En cas d’échec, on se relèvera, on a même le droit de faire machine arrière.
Certains (beaucoup) nous gratifierons de leur « je te l’avais bien dit » et d’autres remplirons simplement notre verre de notre breuvage préféré (12 ans d’âge ou cacolac, comme on veut) en nous souriant simplement, ou juste en lâchant un « c’est pas grave » réconfortant.
Finalement, il y a quelque chose que tu ne verras pas, ou peut-être auras-tu l’occasion d’en avoir les échos, voire même de recevoir un merci : tous ceux que ta démarche aura inspiré et qui se seront dit « si elle y est parvenu, alors j’y arriverai aussi ».
Bonne route :)
Marie
24 août 2014
Merci pour ton commentaire, Philippe !
C’est vrai ! Tu vois en ce moment je suis en pleine installation dans ce nouveau chez moi, et il y a cette petite appréhension. Apprivoiser un nouvel endroit, se poser plein de questions, réaliser brutalement qu’on se trouve en plein milieu de ce Gros Changement…
Avoir la sensation que le train est en marche et que quelque chose de plus grand que toi est en train de se passer, se sentir à l’origine du tourbillon mais ne plus contrôler la bête !
Je suis en plein dans ce passage de vitesse, et j’accuse un peu le coup…
Je l’espère ! C’est l’impression que certains commentaires me donnent, je trouve ça super encourageant.
Ce genre de billet est toujours un peu délicat à écrire car je partage des ressentis et des expériences personnels…
Aussi quand j’ai des retours également personnels de la part des lecteurs de mon blog, comme ceux que je reçois depuis quelques mois, je prends conscience de la valeur que ça a, et cela m’encourage à me botter régulièrement les fesses pour continuer à écrire !
Stella Polaris
21 août 2014
Cet article éveille évidemment beaucoup d’échos en moi, et me rappelle notre dernière conversation au début de l’été ! Pour la « chance », je dirais qu’il ne faut pas complètement l’oublier : la chance d’être née dans un milieu qui permette de faire des études par exemple. Mais oui, la chance de départ n’est rien si on ne la fait pas fructifier, en faisant des choix, en se fixant des objectifs et en orientant sa vie pour y arriver. Et donc soutien total ;-) (Dis, on aura droit à quelques photos de l’appart’, quand il sera aménagé ? Ou c’est trop « vie privée » ?)
Marie
24 août 2014
Coucou Stella ¡
Oui, bien sûr… Mais, dans ce cas précis, c’est une chance à double tranchant. ;-)
Oui je partagerai sans doute quelques photos de mon nouvel « atelier » quand il sera aménagé, pour commencer !
Pour le reste, il faut que je négocie :-P
Stéphane Richard
22 août 2014
Le « Tu as de la chance » est bien souvent une façon de dire à l’autre que nous sommes heureux pour elle/lui avec parfois le regret vis-à-vis de nous-même de n’avoir pas pu ou pas su faire le pas qui aurait changé notre vie. Parfois aussi, ce « Tu as de la chance » est le manteau dont nous recouvrons nos propres peurs; cette expression voulant simplement dire « Qu’est-ce que j’aimerais avoir ta force, ton courage, pour faire, moi aussi, ce que j’aimerais faire. »… un peu une façon de vivre par procuration l’acte qui a permis à l’autre de réaliser son choix.
Nous sommes nombreux sur le quai à voir les trains passer ou à attendre celui qui s’annonce en nous demandant si nous le prendrons ou si nous attendrons le suivant ou bien un autre… plus tard ou un de ces jours. Cette peur qui nous tenaille de faire le mauvais choix, de nous tromper, cette peur de l’inconnu. Je citerais cette maxime Bene Geserit (« Dune » de Frank Herbert) qui s’est imprimée dans ma mémoire: « Je ne connaîtrai pas la peur car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur, je lui permettrai de passer sur moi, à travers moi, et quand elle sera passée, je tournerai mon oeil intérieur sur son chemin et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien, rien que moi. »
Nous nous sommes entourés de murailles plus ou moins hautes, plus ou moins épaisses pour nous protéger de l’adversité mais bien souvent celles-ci nous empêchent de vivre, de devenir ce que l’on est et de vivre ce que l’on ce veut vivre. Quand nous sommes réellement et pleinement ouverts à nous-mêmes, aux autres et au monde, au-delà de nos doutes et tergiversations mentales, nous savons si nous faisons le bon choix ou non quant au chemin que nous souhaitons prendre… même si nous ne pouvons savoir à l’avance quelles en seront les conséquences, positives ou négatives, mais n’oublions jamais que les écueils que nous rencontrons sur le chemin nous font grandir… je me souviens de cette phrase de Richard Bach dans « Le Messie récalcitrant »: « Les problèmes que nous rencontrons ont un cadeau à nous offrir. » « Deviens ce que tu es » écrivait Nietzsche… Nous nous devons à nous-même et à l’enfant que nous avons été de tout faire pour qu’il en soit ainsi… « Danse ta vie. » disait ce même Nietzsche, alors dansons et ne laissons pas notre mental nous imposer ses peurs!
Bienvenue à Rennes Marie et en Bretagne… de la part d’un Breton nantais… eh oui Nantes/Naoned est en Bretagne. Que les vents te soient favorables!!! Kenavo. Stéphane.
Marie
24 août 2014
Bonsoir Stéphane ! Sois le bienvenu par ici, et mille mercis pour ton commentaire inspirant ! (J’adore les citations ^^)
Je pense que c’est une question d’adaptabilité et d’ouverture d’esprit. Savoir rebondir si quelque chose se passe mal, et bien sûr avoir confiance en soi.
Pouvoir compter sur soi-même est vraiment la chose la plus importante au monde !
C’est tellement vrai ! Sur le moment, c’est dur ; mais ensuite, on se dit qu’on est devenu qui on est grâce à ces épreuves.
C’est le lot de chacun d’entre nous, ça ne sert à rien d’essayer de passer entre les gouttes (ceux qui essaient – car ils existent – se traînent un très vilain karma).
J’ai beaucoup apprécié ta réflexion, qui fait écho à mes cogitations du moment.
marilou
22 août 2014
Hello Marie,
sur la chance, je ne reviendrais pas sur ce qui a été dit, ça résume assez bien ce que je pense. Sur Sciences Po, tu t’en doutes, mon avis diffère un peu du tien, et quand je vois ce que mes ami(e)s sont devenu(e)s je trouve que finalement on s’est bien écarté du chemin tracé. Pour ma part, les gens trouvent rarement que j’ai « de la chance » vu que je fais un boulot dans le social qui ne leur parle pas, qui n’est pas super bien payé et qui ne leur paraît pas coller aux aspirations d’une ancienne de sciences po ;) mais vu que c’est moi qui l’ai choisi ce taf et qu’il me plaît, je m’octroie le droit de m’en foutre…
Pour ce qui est de l’année à l’étranger, tout est une question de point de vue, moi mon année en Allemagne reste un tournant dans ma vie, ça m’a permis de couper le cordon avec une famille très (trop) présente, de m’affirmer et de me confronter à mes peurs : mon stage je l’ai trouvé seule sans connaître personne et c’est comme ça que j’ai atterri à Chemnitz loin du glamour et du cool berlinois ;)
Enfin, j’ai tiqué sur ta phrase sur les transports, et je suis au regret de te dire que malheureusement c’est le genre de remarques que tu risques de te traîner un moment…. ça fait maintenant six ans que je fais 200 bornes par jour en voiture et si je devais mettre 1 € de côté à chaque fois que quelqu’un me dit l’air horrifié « mais comment tu fais ?? » »ça te fatigue pas la voiture? » je pourrais me payer une nouvelle voiture ;)
Comme d’autres l’ont dit, merci pour le partage, ça me rappelle pourquoi je me bats pour imposer mes rêves et leur réalisation et ça vaut le coup :))
Marie
27 août 2014
Salut Marilou !
J’aime cette phrase d’amour ! ♥︎
Oui, c’est sûr ! Je pense qu’on doit suivre son instinct et faire ce qui nous semble nécessaire, ensuite les choses suivent leur cours plus ou moins naturellement.
Toute expérience (même mauvaise) laisse des traces et nous aide à devenir qui nous sommes.
Aujourd’hui, je partirais peut-être… Ceci dit, je ne regrette rien. Cette année-là a vraiment été décisive dans ma vie.
Je m’en doute ! C’est fou de voir à quel point les gens bloquent là-dessus… Prendre le train chaque jour me fait plus rêver que de devoir subir le métro nauséabond et bondé au quotidien, mais bon, chacun voit midi à sa porte… :)
Accepter d’avoir plus de temps de transport que d’autres, c’est pragmatique, je trouve : on sait pourquoi on le fait.
Moi, j’aurais pu tout plaquer pour m’installer au vert, sans boulot, mais ça ne m’aurait pas du tout convenu ! J’ai préféré couper la poire en deux, entre, d’une part, mon rêve de vivre à Rennes, et d’autre part, ma volonté de conserver mon super boulot.
Je t’en prie ! Parfois je me suis sentie un peu seule avec tout ça, ça m’a aidée d’écrire à ce sujet et de partager ces réflexions sur mon blog, de lire des expériences comme la tienne…
Au quotidien, ça me fait du bien de penser que je ne suis pas toute seule à oser suivre un chemin pas carré.
Car quand j’écoute le vulgus pecum, j’ai parfois l’impression d’être une alien avec des espoirs et des rêves radicalement à l’opposé de ceux des braves gens… J’ai beau y réfléchir, mes espoirs et mes rêves ne me semblent pas si déconnants que ça.
stefie
22 août 2014
Je suis très heureuse de voir votre projet se concrétiser, du fonds du coeur, je te souhaite plein de belles choses :)
J’ai hâte de voir des photos de Bretagne, ton œil et cette atmosphère particulière me font voyager ;-)
Je me demande si la maturation de votre départ pour Rennes et le notre pour la Californie n’a pas débuté dans la même période, à 6 mois après, nous laissons toutes les deux, Paris, la belle, la grande. Ce Paris que j’ai tant aimé puis insupporté.
Aujourd’hui, elle me manque quand même un peu :)
Derrière ces grandes décisions et ces changements de vie, derrière il y a, oui, un peu de chances. Chances que l’on a su et pu saisir et préparer durement pour qu’elles se concrétisent.
Notre projet de partir vivre en Californie, je l’ai visualisé comme deux rouages qui se rejoignent petit à petit pour se compléter et faire rouler ce projet sur de bons rails. Tu me diras si c’est la même vision que tu as eu.
Je me souviens en sortant de l’Ambassade américaine pour l’entretien pleurer, le visa était accepté. Je me souviens que nous avions remonté les Champs , s’arrêter acheter un macaron chez Ladurée et avoir pris un chocolat chaud dans un café. On était vidé mais heureux :)
On avait grandi.
Les réactions ne sont pas toujours positives, j’étais étonnée de voir autant de saboteurs de projets. Parfois, les réflexions et arguments étaient violents, on a même été traité d’inconscients, de cons. Dans ma famille ca a remonté en surface des jalousies que je soupçonnais pas (dans ma famille, je suis celle qui « a de la chance »), je suis tombée de très haut. Au moins de la falaise d’Etretat.
A cela viennent se mêler des sentiments anti-américains de base (surtout ceux qui n’ont jamais mis les pieds hors de France) et les fantasmes de peur projetés et leurs frustrations de voir ton projet réussir.
Et ces mêmes qui malgré tout, une fois sur place, t’expliquent comment tu dois vivre et qui s’offusquent que les US ce n’est pas la France et que et que… eux n’auraient jamais fait ce choix la. A contrario, d’autres fantasment totalement ta vie.
J’avais déjà connu un peu ça quand je suis partie de Province pour m’installer sur Paris. Paris c’était le mal absolu, j’allais me faire égorgée ou je ne sais quoi. Des galères, j’en ai eu comme tout un chaucun, j’ai aussi beaucoup de joies, de rencontres, des moments fous, magnifiques. Pas un instant je regrette d’avoir choisi, de vivre à Paris.
C’est ainsi que l’on grandi, mûrit, en faisant ses choix et en apprenant à ne pas écouter tout le monde et à apprendre à ne pas forcément plaire à tous.
J’en viens à de me demander justement quels fussent leurs propres choix pour projeter autant de peur et de négativité. C’est triste.
Marie
27 août 2014
Coucou Stefie !
Ça me fait plaisir que tu aies pris le temps de commenter directement par ici, merci ! :)
Merci, je vais m’y appliquer !
Pas exactement ; je n’ai pas vraiment eu de « vision », mais plutôt une intuition : en deux ans, il y a eu deux opportunités qui se sont présentées à moi pour aller travailler en Bretagne, mais à chaque fois ça a merdé.
Du coup, à un moment je me suis dit :
, en mode « Si Rome ne vient pas à toi, va jusqu’à Rome » !J’ai failli dire que je suis « têtue », bon c’est vrai que quand j’ai une idée quelque part, je ne l’ai pas ailleurs ; mais parler d’entêtement sous-entendrait une part d’obstination, que je suis seule contre tous, ce genre de trucs. Or, ce n’est pas le cas du tout.
Ce déménagement et cette mutation n’ont rien à voir avec un caprice ou avec un éventuel côté tête brûlée : je ne fais rien au hasard, et cette décision a été mûrement réfléchie.
Ce que j’en retiens, c’est vraiment ça : on n’est jamais mieux servi-e que par soi-même. Si on veut quelque chose, on ne peut compter que sur soi pour l’obtenir, donc faut foncer et avoir confiance en soi (et même, redoubler de confiance en soi, vu toutes les Cassandre qu’on croise sur son chemin une fois qu’on prend ce genre de décision…).
J’aime ce souvenir ! L’espace d’un instant, j’y étais avec vous :)
Arf ! Je comprends tout à fait, j’ai subi des trucs similaires aussi…
Je me demande en fait si on peut vraiment y échapper… Ce qui est important, c’est de se répéter que ce genre de reproches / d’injures ne nous concernent pas vraiment.
Ce n’est pas vraiment de nous dont parlent ces « proches » (et autres). En revanche, ça en révèle long sur eux.
Dans ces cas là le mieux est de « bien faire et laisser braire » comme je dis toujours, mais cela ne suffit pas à effacer la blessure de certains mots.
On en revient sur la confiance en soi, pouvoir compter sur soi et, sans être prétentieux ou imbu de soi-même, savoir à peu près ce que l’on veut, être bien clair-e avec soi-même sur les raisons qui nous poussent à prendre telle décision, et à un moment lâcher prise, aussi.
On ne peut pas plaire à tout le monde. Si on écoutant sans arrêt les gens – y compris nos proches, qui sont censés être bien intentionnés à notre égard, mais qui ne sont que des mortels comme les autres, avec cette familiarité aggravante –, on ne ferait plus rien et on vivrait selon leurs propres fantasmes et projections. (Et quand bien même, ça ne leur plairait pas non plus… On se demande en fait si une situation donnée peut réellement faire l’unanimité ? Je ne le crois pas.)
Exactement. Sur le moment c’est pas toujours évident à gérer, encore une fois on s’entend dire des trucs difficiles à avaler parfois, mais avec le recul, je pense que tu seras d’accord avec moi pour dire qu’on ne regrette pas, et qu’on a BIEN FAIT de suivre notre instinct !
Peut-être que justement ce sont des personnes qui n’ont pas été encouragées, ou qui ont été carrément découragées… Elles essaient, inconsciemment, de refourguer ce fardeau à la nouvelle génération.
Si j’y réfléchis 5 minutes, toutes les personnes qui m’ont chié dans les bottes au sujet de la mutation, du train, etc., sont des vieux mâles blancs pas forcément super épanouis dans leur vie. J’ai parfois ressenti énormément de frustration et de jalousie à peine dissimulée.
Mais je ne peux rien pour elles. Ce n’est pas en ne partant pas que leur vie à eux allait se métamorphoser ! En quoi le bonheur des uns devrait-il forcément faire le malheur des autres ?
Si les gens arrêtaient de s’occuper des affaires des autres et de donner leur avis sur tout, le monde irait bien mieux ! (Cette vérité absolue s’applique d’ailleurs à tous les domaines.)
Anne
23 août 2014
Super billet Marie!
En trois mot : merde aux autres. Si on doit prendre en compte tout le monde on s’en sort jamais.
J’ai, bien évidemment, expérimenté les mêmes choses quand j’ai décidé de créer mon entreprise. Surtout dans un métier de niche. Passé tout ceux qui te disent : ha? ça existe? On peut vivre de ça? Mais tu vas vendre à qui? C’est ridicule etc… Tu as tes proches qui sont fiers de toi au départ parce qu’ils reconnaissent que monter son entreprise demande du cran, que c’est la classe de créer son propre emploie, mais qui aux premières difficultés te disent d’arrêter que c’était une erreur, et que tu es conne de t’accrocher.
Et tu as ceux, très classes, qui ne reconnaissent jamais ce que tu fais comme étant du travail. Parce que tu travailles chez toi, à ton rythme, et bien, ça n’est pas du travail.
Bien sûr qu’il y avait de grandes chances pour que ça ne marche pas, que je doive prendre un boulo à côté.. Et alors? On est pas obligé de suivre le moule classique, l’important est de trouver son équilibre. Et puis si je me plante, ça me regarde. C’est en forgeant qu’on devient forgeron :p
Ton billet me conforte dans l’idée de persévérer sur ma route, pour toujours avoir mon bout de liberté à moi. Et comme dit Stella, la chance c’est à nous de la faire fructifier, et quand on en a pas, de la créer.
Je vous souhaite à tous les deux tout le bonheur du monde à Rennes!
Des bisous!
Anne.
Marie
27 août 2014
Coucou !
C’est un excellent résumé de ma pensée ! ^.^ Amen.
Merci pour ce partage d’expérience. Je ne suis hélas pas du tout surprise que tu aies subi ce genre de réactions… Les gens sont tellement ouverts d’esprit en France en ce qui concerne les métiers créatifs et l’entrepreneuriat !… (Dans leur tête, ça ne fonctionne pas ensemble, comme si on essayait de mélanger de l’eau et de l’huile… Je n’ai jamais bien compris pourquoi – les anglo-saxons sont beaucoup plus détendus du slip sur le fait que les artistes peuvent et DOIVENT gagner leur vie grâce à leur art.)
Bref. Cette vision rétrograde du travail comme étant forcément pénible en révèle là aussi long sur tes interlocuteurs… S’agit-il de personnes épanouies dans leur travail et dans leur vie ? J’ai de gros doutes.
Arrive ce moment où je me dis que je vais commencer à prendre une critique ou un reproche d’où ça vient. Par exemple, si ça vient d’une personne qui vit le genre de vie que je rêve de vivre, qui est épanouie, heureuse, qui est bien intentionnée, alors je vais davantage l’écouter qu’une personne qui râle chaque matin pour aller au boulot, qui est passé à côté de sa chance, qui a laissé tomber ses passions une à une, qui en veut à la terre entière, qui est aigrie, etc.
Après tout, pourquoi devrait-on souffrir l’avis de gens qui s’en foutent de nos arguments et se moquent de notre particularité ?
Exactement ! Toute expérience est positive. Le champ des possibles est immense. L’essentiel, c’est de s’amuser et de ne pas rester les bras croisés. Qui ne tente rien n’a rien, dit-on !
C’est très bien dit en effet ! ^.^\m/ Et ça fait un bien fou à lire !
Merci infiniment ♥︎
Viny
24 août 2014
Hell’O Marie,
Déjà 2 ans que je me promène sur ton petit univers qu’est ce blog, (je me souviens, j’étais à la recherche de bonnes adresses londoniennes!) je n’ai jamais laissé de commentaires même si la lecture de tes articles me faisaient sourire, rever ou réfléchir…
Aujourd’hui ton article me parle particulièrement : vaste débat (combat?) que celui de s’affranchir des opinions et avis des autres.
Tu suis ta route et tu fais tout ce qu’il faut pour maitriser ton chemin et y trouver un sens : ce qui fait souvent peur aux gens car force est de constater que pour beaucoup « le chemin tout tracé » est rassurant et évites de se poser des questions…
BREF de nouvelles aventures t’attendent je te souhaite de trouver le souffle que tu recherches, garde cette étincelle et cette capacité à reconnaitre les petits bonheurs ce la vie (je crois que c’est la base pour avancer sereinement :)
Et surtout continues de partager avec nous ces aventures et ces photos :)
Viny.
Marie
27 août 2014
Salut Viny !
Hé bien, merci beaucoup d’avoir pris le temps de commenter ce billet, cela me touche !
Je suis tout à fait d’accord avec toi. Il faut s’efforcer de voir le positif, même quand tout n’est pas rose (car vient toujours un moment ou un autre où les choses partent en quenouille, il faut l’accepter avec humilité).
Quand tout va bien, rien à dire, il suffit de savourer. Mais je crois que la véritable sagesse est bien de continuer son petit bonhomme de chemin, tambour battant, même par temps d’orage.
Apprécier les petits plaisirs de la vie est une de mes passions. C’est en partie pour ça que je publie régulièrement des « listes d’amour » sur mon blog, où je me contente d’énumérer les choses que j’apprécie. C’est sans doute cucul, ça ne sert sans doute pas à grand chose, mais quand je les relis, je prends conscience que chaque petite chose compte.
C’est prévu ! Le temps de trouver mon nouveau rythme de croisière, car, présentement, je suis un peu chamboulée / fatiguée. Mais c’est une saine fatigue :)
Baboufamilu
24 mai 2015
Hello,
Juste pour te dire que tes articles sur le déménagement à Rennes sont très inspirants pour une petite famille parisienne qui en rêve… Donc c’est vraiment aussi bien que ça en a l’air d’y vivre ?!?
Je commence à regarder les offres, et mêmes les apparts, même si c’est trop tôt car on ne bougerait pas avant 2016.
En tout cas merci pour ces articles !
Marie
25 mai 2015
Hello les Babou !
Super, je suis contente :) Oui, Rennes (et la Bretagne tout autour) c’est vraiment super génial, je suis ravie d’y vivre !