Je ne suis pas du genre à démissionner sur un coup de tête : de nos jours, c'est une décision qui nécessite de peser soigneusement le pour et le contre.
Décider de quitter une entreprise où tu as travaillé plusieurs années, puis annoncer ton départ à tes collègues préférés n’est jamais facile.
Quand je dis autour de moi que je démissionne, une question en particulier revient systématiquement : « Tu pars chez qui ? »
Simple curiosité pour les uns, véritable obsession pour les autres, savoir où je vais devient soudain important.
Ceux que mon mutisme initial ne décourage pas reviennent souvent à la charge et me le redemandent, par tous les moyens et à toutes les occasions possibles.
« Tu pars chez qui ? »
Cette question récurrente m'interpelle. En a découlé une petite réflexion, que je partage avec vous. :)
Questions sans réponses
Démissionner est un petit tremblement de terre, avant tout pour soi, mais aussi pour les autres : il ébranle votre cercle rapproché de collègues, de collaborateurs et de managers.
À cette occasion, il est tout à fait normal que les langues se délient, et que vos collègues cherchent à en savoir plus. C’est une saine (?) curiosité.
Cependant, la question « Tu pars chez qui ? » est problématique en soi.
En effet, il m’apparaît clairement aujourd’hui que ce n’est pas le fait de savoir chez qui vous partez qui est important – car cette décision est une décision personnelle, qui n'impacte que vous – mais bien de savoir pourquoi.
En effet, ce qui compte, ce sont les raisons pour lesquelles vous partez : celles-ci constituent un terreau fertile pour faire un bilan d'équipe, afin d'aider ceux qui restent à mieux travailler ensemble une fois les cartes redistribuées.
La phase d'analyse
Lorsqu’on est arrivé au point de donner sa démission, c’est qu’on a pris le temps d'analyser la situation, de bien peser le pour et le contre, et que, malheureusement, il y a davantage de contre que de pour.
Du reste, on a tous en nous quelque chose de Tennessee des réserves à émettre quant à notre métier, au quotidien.
Notre métier devrait se constituer principalement de toutes ces choses que l'on sait et que l'on adore faire.
Mais, avec lui, arrivent aussi certains aspects que l'on apprécie moins.
Tant que le négatif se fait discret, tout va bien. Or, lorsque le négatif grossit au point de vous empêcher de garder le positif en ligne de mire, et pour peu qu'on vous ait par ailleurs proposé un poste autrement plus alléchant, vous donnez votre démission.
Lorsque cela se produit, vous avez eu le temps d'affiner votre vision critique du travail en équipe, des méthodes et du savoir-vivre collectif.
Vous savez ce qui coince : vous réussissez enfin à mettre des mots dessus, et vous avez des exemples en tête.
Vouloir en parler. Ne pas pouvoir en parler.
La logique voudrait que vous preniez la parole pour en informer vos pairs, pour essayer de résoudre, collectivement, le(s) problème(s).
Toutefois, cette envie de partager votre analyse critique avec eux se heurte à plusieurs obstacles :
- Vos pairs n'en sont souvent pas au même stade de la réflexion que vous, ce qui peut créer un décalage dans le dialogue.
- La plupart de vos collègues ne vous écoutent que d'une oreille : il en va pour leur propre survie en entreprise. Cette surdité sélective leur permet de faire abstraction de certains défauts de la situation actuelle, pour pouvoir continuer à supporter leur quotidien au travail. En attendant, vous vous retrouvez souvent à prêcher dans le désert.
- Enfin, ceux qui trouvent que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, même de façon factice, ne vous écoutent pas du tout. À partir du moment où votre démission est rendue publique, vous êtes soupçonné·e de manquer d'objectivité. S'en suivent diverses tactiques pour, sinon minimiser, du moins relativiser l'impact de vos propos. Cela dit, c'est peut-être justement parce que personne n'a pris le temps de vous demander votre avis avant votre démission que vous avez fini par la donner ?
Il est donc plus facile de vous demander pour la énième fois chez qui vous partez, plutôt que pourquoi vous partez, même si la réponse à la seconde serait autrement plus intéressante pour ceux qui restent, contenant sans doute des pistes pour améliorer le travail de tous.
« Tu pars chez quiii ? »
Le fait que la question la moins intéressante soit systématiquement posée est une façon de maintenir le statu quo : c'est une façon de papoter sans risque, en parlant uniquement de la personne qui part, mais pas des dysfonctionnements collectifs.
Pensée de groupe, auto-préservation, conscience tranquille, tout ça.
Aller de l'avant
D’un point de vue individuel, j’ai réalisé en discutant avec mes proches, plus ou moins satisfaits de leur propre travail, que changer de boulot requiert un certain courage :
- le courage d’aller de l’avant ;
- le courage de bousculer ses habitudes, sans le rythme rassurant d’une routine bien rodée ;
- le courage de se retrouver seul·e, sans le cocon des collègues qu’on aime bien ;
- le courage de prendre un risque, car changer de boulot reste une décision économiquement risquée.
Certains, prudents, préfèrent rester bien au chaud pendant dix ans dans la même boîte, parce que c’est un cadre familier et stable, sans risque.
Et tant pis s’il faut, pour cela, sacrifier un peu de nouveauté, si les négociations salariales s’amollissent voire disparaissent, ou s’il faut accepter de réaliser des tâches moins valorisantes : c’est le prix à payer pour la sécurité.
D’autres refusent d'aller au boulot à reculons : ils ont envie de découvrir de nouveaux horizons professionnels, de mêler leur expertise à celle d’une nouvelle équipe, de voir leur travail mieux employé mais aussi mieux valorisé. Ils ont envie d’avoir des perspectives d’évolution claires et motivantes.
Je fais partie de ceux-là.
Du reste, il n’y a pas de bon ou de mauvais moment pour démissionner et pour changer d’horizon professionnel, car c’est une décision très personnelle – mélange d’anticipation, de stratégie et de ressenti.
C’est à vous de « sentir » si le moment est venu. C'est une décision éminemment personnelle. Et si vous attendiez un signe du destin pour sauter le pas, le voici !
Tracer sa propre route
L’été dernier, alors que je travaillais à Paris, j’ai eu la chance d’obtenir ma mutation à Nantes.
Malgré ça, j'ai préféré vivre à Rennes plutôt qu’à Nantes.
D’aucuns se sont émus que ce choix implique de prendre le train tous les jours pour aller bosser.
Or, loin d’être une excentricité, vivre à Rennes tout en travaillant à Nantes était un choix pragmatique, mûrement réfléchi : pourquoi aurais-je dû choisir entre un boulot intéressant, grâce auquel je gagnais correctement ma vie, et vivre à l’endroit de mes rêves ?
J’ai préféré ne pas choisir, et trouver une troisième voie, même si ce n’était pas la plus facile.
D'un côté, choisir de vivre à Rennes constituait un ancrage géographique dans ma région de cœur, et une impulsion plus globale pour me rapprocher de mes objectifs personnels.
De l'autre, décider d’aller travailler à Nantes me permettait de préserver mon intérêt professionnel immédiat.
J’ai consenti à cet effort parce que l’objectif était doublement important pour moi : trouver un nouvel équilibre personnel, et continuer à évoluer professionnellement.
Quand j’ai pris cette décision, j’étais en effet persuadée que mon boulot valait la peine que je prenne le train tous les jours pour lui.
Nul doute que ces incessants allers-retours en train auront mis à l’épreuve ce lien tout neuf qui me relie à la Bretagne, et qu’ils l’auront renforcé, aussi.
Huit mois plus tard, je suis contente d’avoir fait confiance à mon instinct, d’avoir vécu ce que j’ai vécu et d’avoir ignoré les Cassandre qui ont tenté de me décourager de tracer ma propre route.
Je commence mon nouveau boulot la semaine prochaine, et j’embrasse ce nouveau rebondissement professionnel avec joie et sérénité. :) J'annoncerai « chez quiii » le moment venu.
Merci de m'avoir lue !
6 mai 2015
Ton billet est excellent tu as mis le doigt sur un sujet "tabou". Ça me parle. Bon courage pour ta nouvelle aventure, peu importe où ! :)
7 mai 2015
Merci ! ♥︎
6 mai 2015
> il m’apparaît clairement aujourd’hui que ce n’est pas le fait de savoir chez qui vous partez qui est important – car cette décision est une décision personnelle, qui n'impacte que vous – mais bien de savoir pourquoi
Pas seulement. Quand l'un de mes copains part dans une boîte, c'est une information tout aussi importante que le pourquoi du départ : cette question est un préambule à d'autres. Qu'est-ce qui est bien dans cette nouvelle boîte et t'a amenée à t'y intéresser ? Qu'est-ce que tu penses y trouve que tu n'as vraisemblablement pas (ou plus) chez ton ex-employeur, etc.
Bref, ce n'est pas tout à fait anodin, et ce n'est pas, loin de là, que de la préservation de l'animal dans la horde :)
6 mai 2015
(« tout aussi importante » pour moi, j'avais oublié de le préciser)
6 mai 2015
Je réponds surtout à Stéphane car son commentaire fait écho à mes réflexions en lisant ce billet : le « chez qui ? » peut aussi être l’expression du mal-être de la personne qui demande, cherchant une entreprise dans laquelle l’herbe serait plus verte.
Considération tout à fait égoïste a priori, elle peut cependant être la raison pour laquelle cette question se transforme en obsession, mais aussi expliquer que le « pourquoi tu pars » ne soit pas la question première : personnellement quand j’ai changé d’entreprise l’an dernier, au moment de mon départ tout le monde savait déjà « pourquoi ».
Pour tout le reste, je te rejoins :).
7 mai 2015
@Gaël :
Totalement ! Je l'ai beaucoup ressenti. C'est ça aussi qui m'a crispée, que la question ne soit souvent pas totalement désintéressée…
6 mai 2015
Je suis assez d'accord avec Stef, vouloir savoir où tu vas c'est aussi vouloir savoir ce qui t'intéresse (davantage) là-bas. On ne part pas forcément pour *fuir* quelque chose, on part parfois pour *trouver* quelque chose (d'autre)...
Et donc, tu vas où ?
=D
7 mai 2015
@STPO :
J'aurai tout le loisir de te raconter tout ça une fois que j'y aurai travaillé depuis plusieurs mois, et que mes hypothèses se seront vérifiées… ou pas :)
No comment ! ^.^
6 mai 2015
Je co-signe les 3 au-dessus, la demande « où tu vas ? » est aussi intéressante que le « pourquoi », parce que ça peut plus intéresser les gens de savoir quel est ton avenir plutôt que ton « futur passé ». :)
Attention, certaines formulations sont maladroites : tu sous-entends qu'il n'y a qu'une réflexion possible, ce qui pourrait faire croire que tu projettes ton envie de changer.
Il est tout à fait possible que tes pairs y aient déjà réfléchi (et peut-être très loin), mais n'arrivent simplement pas aux mêmes conclusions.
7 mai 2015
@Nico :
Je vois ce que tu veux dire, mais je trouve la façon dont tu me le fais remarquer quelque peu professorale.
Non, je ne sous-entends pas ça, c'est ce que tu comprends. :)
Ce que je veux dire, c'est qu'avant de démissionner, il y a plusieurs stades. Certains se posent sans doute des questions aussi, mais ils n'en sont pas au point de poser leur dém’, alors que moi j'étais sur le départ.
Donc il y a forcément un décalage entre les salariés encore en poste pour une durée indéterminée, et la démissionnaire. Nos perspectives et nos raisonnements sont forcément différents.
9 mai 2015
Oh ça n'était pas le but ^^ :)
Certes.
Formulé comme ça, là c'est beaucoup plus clair ! :)
14 mai 2015
\m/
7 mai 2015
@Stef :
C'est difficile de répondre à cette question dans ce sens-là avant d'avoir effectivement commencé à travailler dans la dite nouvelle boîte.
Quand tu démissionnes parce que tu as trouvé un autre boulot, tu fais en quelque sorte un pari sur l'avenir, un pari pour lequel tu es prêt à prendre un risque.
Donc, même si l'entretien s'est bien passé, même si la boîte a bonne réputation, même si Machin ou Machine t'en ont parlé favorablement, même si tu sais que Trucmuche-ton-grand-copain y bosse déjà, et qu'il y a tout un tas de signes positifs qui t'ont mis en confiance et qui t'ont fait sauter le pas, ce n'est pas à toi que je vais apprendre qu'on peut très bien être super motivé, attendre le meilleur de sa nouvelle boîte et avoir a priori toutes les garanties que ça se passe bien pour, au final, être méga déçu quand on a effectivement commencé à y travailler… ;)
Je crois que ce qui me gêne en fait dans la question « chez quiiii », c'est que c'est une question fermée. Personne ne m'a demandé ce que je pense trouver dans ma nouvelle boîte que je n'avais vraisemblablement pas, ni comment j'ai connu cette boîte, bref aucune des questions dont tu parles.
Ça n'a pas du tout servi de préambule. Ça se bornait juste à « Tu vas chez qui ? », « Bon alors, tu vas chez qui ? », « Alors ça y est, tu as dit chez qui tu vas ? », et c'est tout. Je ne pense pas que mes motivations sont vraiment ce qui intéresse les personnes qui m'ont posé cette satanée question.
Maintenant, je comprends que ça soit bien commode comme question pour papoter à la machine à café, sans trop se mouiller. Évidemment, ça dépend aussi beaucoup de la personne qui la pose et du contexte… Je ne dis pas que c'est une question mal intentionnée, loin de là, ça n'a rien de méchant, c'est une saine (?) curiosité, mais je trouve simplement que ça ne sert pas à grand chose.
La seule chose qui intéressent les gens, c'est de savoir chez quiii je vais, et si ma nouvelle boîte est située à Rennes (parce que le train, ça les angoisse à ma place ;) ;) ). Deux questions fermées, donc.
Et sinon, rejoins totalement Eliness et Yann dans leurs analyses. :)
6 mai 2015
Ah et puis :
Bon mais j'ai rien compris moi : un mec qui n'écoute que d'une oreille, c'est de la cécité ? ;)
(Don't mind me, just kidding)
6 mai 2015
Huhu, je viens de faire la même remarque sur Twitter ^^
6 mai 2015
C'est corrigé :)
6 mai 2015
Tu as raison de suivre ton instinct c'est le meilleur conseiller.
Bonne chance pour ce nouveau départ! Peu importe où tant qu'il répond à tes besoins et tes attentes.
7 mai 2015
Merci ! ♥︎
6 mai 2015
Disons que d'un point de vu extérieur, je rejoins un peu Stéphane. La question du "tu vas chez chez" est une façon aussi détournée, du moins pour moi, de demander "pourquoi tu t'en vas" (aka y a quoi de mieux chez les autres), quand on se dit qu'on a pas trop le droit de poser cette question puisqu'on est extérieur à l'entreprise. Perso je trouve ça super intime de demander à quelqu'un pourquoi il quitte une entreprise quand c'est pas un collègue.
Une jeune femme m'a contacté une fois pour savoir comment se passait mon ancien travail (elle a vu le nom de mon ancienne boite sur viadeo) et savoir pourquoi j'étais partie car ils lui proposent un contrat. Difficile de lui répondre du coup, partagée entre les bons moments et les raisons réelles de mon départ. Je me dis que pour toi c'est peut-être un peu pareil (mais je peux me tromper) et que parler ouvertement de pourquoi tu quittes ton ancien travail est plus compliqué que de parler des choses chouettes et nouveaux défis du prochain ?
Du coup je reformule mon "tu pars chez qui ?" en un "alors quels sont les nouveaux challenges et les trucs chouettes qui t'attendent maintenant ?" un peu plus clair :)
6 mai 2015
Ah ben j'allais écrit tout pareil que ton premier paragraphe ;) Même si au fond de nous on a envie de savoir pourquoi, c'est très compliqué de demander, car très personnel.
Quoi qu'il en soit, Marie, je ne te souhaite que le meilleur :)
7 mai 2015
@Christelle :
Je vais te répondre la même chose qu'à Stéphanie : on s'entend suffisamment bien toi et moi pour que tu puisses te sentir libre de me poser ce genre de question en privé :)
Du reste, poser une question ne coûte rien : si ton interlocuteur n'a pas envie de répondre, t'inquiète pas, il te le fera savoir !
Donc n'aie aucune inquiétude à ce niveau-là avec moi.
Merci pour tes bons vœux ♥︎
7 mai 2015
@Stéphanie :
Je précise que je n'ai pas écrit ce billet en réaction à la question que tu m'as posée, toi, personnellement, mais bien en réaction à un phénomène collectif, que j'ai constaté en particulier sur mon lieu de travail mais aussi auprès de mes anciens collègues.
On s'entend suffisamment bien toi et moi pour que tu puisses te sentir libre de me poser ce genre de question, en privé :)
En effet, c'est délicat. Peut-être que dans ces cas-là, il faut plutôt dire « Moi j'ai trouvé que… et cela ne correspondait pas à mes envies, à cette époque. », pour mettre en exergue que c'est ton avis personnel, par opposition à : « L'entreprise est… et leurs décisions sont… », trop généraliste ?
Mais bon, ouais, c'est une question éthique un peu épineuse.
Laver son linge sale en public est en général une mauvaise idée, surtout quand tu publies sous ton vrai nom :)
En outre, je crois sincèrement que le temps qui passe aide à calmer les éventuels rancœurs et griefs, et contribue à effacer les mauvais souvenirs. C'est un garde-fou naturel et bienveillant.
Pour ce qui est des défis de mon nouveau boulot, oui, j'aurai sans doute l'occasion d'en parler ou de les donner à voir quand ils se produiront !
D'ici là, je préfère éviter de mettre la charrue avant les bœufs, un peu par superstition, un peu par expérience… :)
12 mai 2015
Complètement. J'ai gardé très peu de rancœurs, mais pas mal de bons souvenirs (de temps en temps au détriment des intéressés, qui deviennent les sujets d'anecdotes cocasses pour faire rire les copains), de toutes mes expériences précédentes.
Par contre, mes griefs sont souvent tenaces : certaines personnes sont définitivement identifiées en « nuisible » ou « se tenir loin d'eux » pour toujours, ne serait-ce que pour des questions d'auto-préservation.
14 mai 2015
Je dois admettre que je fais pareil… et que c'est assez efficace ! (Quitte à passer parfois pour une sauvage, mais bon, ça m'va.)
6 mai 2015
Tes réflexions me parlent énormément, et je rejoins la ligne amorcée par Stéphane et Gaël sur ce point. À l'époque où j'ai quitté mon premier travail, cette même question revenait sans cesse, ce "tu vas où ?" cachant un "pourquoi tu pars ?".
Ce que je décelais chez les autres, c'était surtout une part d'envie. Avoir le courage de quitter un poste fixe, d'envisager d'autres horizons, et surtout d'avoir trouvé quelque chose d'autre (qu'on associe donc à "mieux qu'actuellement"), ça provoque fatalement des remises en question.
"Tu pars chez qui ?", pour les collègues qui insistaient tant à ce que je leur réponde, c'était l'expression d'une angoisse. "Où as-tu réussi à trouver une meilleure position, et comment as-tu fait, et pourquoi moi ne le fais-je pas ?" était le sous-entendu que je comprenais.
À partir du moment où j'ai pu répondre à cette question, c'était le soulagement qui se ressentait : chacun de mes collègues a pu me donner la raison pour laquelle mon départ ne s'appliquait pas à lui. "Ah mais oui, toi tu peux te permettre de gagner moins." "Ah mais cet employeur ne me conviendrait pas pour x ou y raison." "Ah mais forcément, moi je pourrais pas me lancer dans un tel projet." Tant de justifications pour se rassurer.
Pour eux, avoir une réponse à "Tu pars chez qui ?", c'est aussi avoir de quoi se raccrocher pour trouver des prétextes à l'angoisse que génère le départ de l'autre. Celle où on se demande : "Et moi, pourquoi je ne suis pas encore parti ?"
7 mai 2015
Merci du fond du cœur pour ton commentaire, si tu savais comme ce que tu dis est juste et important pour moi ! ♥︎ Ça m'a fait vraiment du bien de le lire et de le relire.
Complètement, et d'ailleurs je le comprends très bien. Mais, du coup, la question « Tu pars chez qui ? » est hypocrite : au fond, ce qui intéresse l'autre, c'est de savoir le nom de ta nouvelle boîte pour se renseigner, des fois qu'il puisse y postuler lui aussi…
D'ailleurs, quand je suis partie, on m'a dit « Pense à nous quand tu seras là-bas, si jamais un poste se libère ! » – ce qui va totalement dans ce sens-là, même si c'est sous couvert d'humour.
Amen ! C'est trop ça. Tu as réussi à mettre des mots sur ce que je ressentais mais n'arrivais pas à exprimer. Merci :)
Ahah, j'ai vécu ça aussi, à chaque fois que j'ai démissionné ! Cela prouve encore une fois que cette question relève parfois de l'égo, et qu'elle n'est pas toujours entièrement altruiste ni désintéressée.
Ça, plus la répétition de la question, jour après jour, semaine après semaine, qui a fini par me prendre la tête, en mode « Mouais en fait ça n'intéresse pas grand monde de savoir pourquoi je pars ».
Oui, tu as raison de parler d'angoisse. Prendre le risque de démissionner est déjà assez angoissant en soi ; de rebattre les cartes, de recommencer, sinon à zéro, mais une nouvelle évolution dans un autre contexte, sortir de sa zone de confort, « faire le deuil » de ses collègues préférés, tout ça est source de stress, pour moi. Un stress positif et motivant, mais néanmoins un stress.
Du coup, je crois que je n'ai juste pas la patience de devoir supporter, en plus, l'angoisse que les autres calquent sur mon départ… Et que ce billet, c'était une façon de dire : « Laissez-moi tranquille, je vais bien, je prends soin de moi, et je vous dirai tout quand je serai prête à le faire ».
J'ajouterais un truc : c'est la répétition et l'omniprésence de cette question qui m'ont franchement pris le chou à un moment donné. La journée c'était les collègues, et le soir c'était Twitter, Facebook ou Instagram ! Même des gens avec qui je discute très rarement y allaient de leur petit message perso ou de leur mention juste pour me demander : « Tu pars chez qui ? ». J'avoue, ça m'a gonflée. :-?
6 mai 2015
Merci pour ton excellent billet, chère Marie! C'est toujours un plaisir que de te lire: tu offres un éclairage particulièrement intéressant sur un type de situation que nous sommes nombreux à vivre, à un moment ou à un autre de notre parcours professionnel. Le fait même de savoir que d'autres traversent les mêmes réflexions constitue un soutien moral important et je te remercie d'avoir partagé avec nous ton analyse quant à ta propre expérience de vie, tant sur la question du lieu de vie que sur celle de la démission.
Je te souhaite donc une très belle continuation dans ta vie professionnelle et beaucoup de plaisir dans tes activités créatrices.
7 mai 2015
Merci Oldeline, ton petit mot me fait chaud au cœur !
C'est vrai ! Je m'en rends compte maintenant que tu l'écris. Moi-même, j'ai lu des livres, des articles, des billets de blog qui m'ont aidée et encouragée non seulement à prendre certaines décisions, mais aussi et surtout à être qui je suis au quotidien, à ne pas avoir honte de mes choix, de mon corps ou de ma personnalité.
Je trouve que l'écriture — et la lecture ! – sont vraiment libératrices pour ça. À l'oral, au quotidien, on parle rarement de sujets de fond, faute de temps, faute des bons interlocuteurs, et par pudeur, aussi.
Sur mon blog, il est important pour moi de pouvoir partager ce que je vis, non pas d'un point de vue égocentrique (même si tenir un blog perso est sans doute un peu égocentrique quelque part), mais après une mûre réflexion, de façon positive, qui puisse intéresser voire aider les lecteurs de mon blog à se faire leur propre avis et à mener leur propre vie, librement.
C'est une façon de rendre à l'univers ce que l'univers m'a donné au détour du web et de la vie ; je puise toujours de la force et de la détermination des quelques rencontres intellectuelles et émotionnelles qui ont changé ma vie, et c'est important pour moi de renvoyer un peu de cette énergie-là dans le monde. Je suis heureuse si ceux qui sont capables de l'attraper au vol l'attrapent effectivement. :)
Merci pour tes vœux ! ♥︎
6 mai 2015
Un article intéressant, cependant, je ne suis pas vraiment d'accord avec toi (je me permets de te tutoyer), je m'en suis rendu compte car tout au long de ton article, je me suis demandé : "mais du coup, elle va où ?"(même si je ne te connais pas, je suis arrivé là presque par hasard)
J'ai 24 ans, je suis développeur et j'ai déjà changé plusieurs fois d'entreprise, car outre le salaire, pour moi (et je pense que c'est le cas pour une majorité de ma génération et de mon métier) la valeur et l'estime que l'on nous apporte sont de loin les paramètres plus importants.A chaque fois que je suis parti de mon entreprise, on m'a posé ces deux questions que tu as mises en avant:
-Pourquoi pars-tu?
et
-Pour faire quoi?
Et je trouve au final la première beaucoup plus gênante, privé et illégitime que la seconde, contrairement à toi(si j'ai bien compris).
En revanche la deuxième (équivalente à "chez qui?") relève plus de la curiosité et de l’intérêt pour ma personne, elle me semble beaucoup plus amicale.
Peut-être est-ce dû à mon caractère (un peu fataliste) qui préfère ranger les affaires classées et me tourner vers l'avenir, je ne sais pas !
Je commente très rarement les blogs, mais ton article m'a vraiment intéressé et je me suis senti impliqué, c'est pour ça que j'ai voulu te répondre, peut-être que mon commentaire est a côté de la plaque ou peut-être pas, dans tous les cas cette étape étant finie, je te souhaite beaucoup de bonheur dans ton nouveau boulot ;)
7 mai 2015
Salut Matthias ! Oui on se tutoie, pas de chichis :)
Dans ce cas, c'est peut-être le style de mon article qui pèche un peu ?
Répéter très souvent la fameuse question me permet d'insister sur son caractère systématique et oppressant ; et c'est si insidieux, finalement, que cela finit par te contaminer aussi, au point que tu aies envie de me la poser même si tu ne me connais pas, et que la réponse n'a a priori aucune espèce d'importance pour toi.
Du coup, je ne suis pas sûre qu'il soit ici question d'être d'accord ou pas d'accord. :)
Absolument ! Valeur et estime sont tout aussi importants que le salaire, pour moi, mais je dirais aussi la stabilité, le sentiment de confiance en l'avenir, d'être en phase avec son entreprise, ses objectifs, ses orientations. Sentir qu'on va dans la même direction.
Du reste, pour en revenir aux notions de valeur et d'estime, c'est dans les moments de crise que l'on peut juger de la qualité du management d'une équipe.
Si un·e salarié·e se sent « abandonné·e », totalement en décalage avec le reste de l'équipage, il y a déjà un problème. Mais si son manager ne décèle pas sa détresse et n'est pas capable d'aller vers lui/vers elle avant qu'il/elle n'abandonne le navire, le problème est plus grand, car il peut potentiellement toucher d'autres matelots.
On ne m'a posé la question de savoir ce que j'allais faire dans mon nouveau boulot. Tout ce que voulaient savoir mes interlocuteurs, c'était uniquement chez qui j'allais. Pas ce que j'allais faire, pas ce que j'espérais y trouver.
Quel que soit le nom de ta nouvelle boîte, tu espères forcément y trouver quelque chose d'autre, quelque chose de positif et de stimulant (sinon tu ne partirais pas de l'ancienne boîte).
Bref, j'ai du mal à voir pourquoi la question « Pourquoi tu pars ? » te semble illégitime. C'est la critique de l'entreprise que tu quittes qui te met mal à l'aise ?
Du reste oui, on peut préférer se concentrer sur l'avenir et parler de ce qu'on va faire ailleurs, plutôt que s'attarder sur les défauts de la situation que l'on quitte.
Ah bah voilà :)
Ton commentaire n'était pas du tout à côté de la plaque, je l'ai trouvé très intéressant. Merci d'être passé par là, et merci pour tes vœux ! :)
6 mai 2015
Bonjour Marie,
"Tu pars chez quiiiiiiiiiiiii ?" J'ai vécu ça plusieurs fois en changeant d'employeur et j'ai compris bien après les motivations secrètes, c'est à dire conscientes ou non, de mes collègues d'alors.
En fait, dans cette question, il y a à la fois les suppositions suivantes :
> C'est mieux payé
> C'est une boîte qui impressionnera sur le CV
> Il y a des avantages autres (proximité habitation, chèques déjeuners, 13ème mois, mutuelle, CE d'enfer...)
Et l'espoir de bénéficier de ton soutien si ça se passe bien pour toi, et que certains collègues pourront te suivre : la cooptation ! Une fois dans la place, l'air de rien, tu pourra les recommander auprès des RH et pourquoi pas les faire embaucher !
Mais rarement, très rarement hélas, les motivations de cette question étaient liées à mon bien-être. La nature humaine sans doute...
7 mai 2015
Salut Yann ! Merci beaucoup pour ton commentaire, qui ajoute de l'eau à mon moulin.
C'est en te lisant que j'ai mieux pris conscience du côté potentiellement intéressé de cette fameuse question… Même si ceux qui me l'ont posée ne sont pas tous de gros opportunistes, je dois admettre que j'ai parfois ressenti un intérêt personnel assez fort à qui réussirait à me tirer les vers du nez !
Quant à la cooptation, hé bien, ceux qui y pensent doivent soit être un peu naïfs, soit avoir un peu trop confiance en eux pour penser que l'on va recommander le profil de quelqu'un qu'on connaît à peine, ou avec qui on n'a pas apprécié bosser…
L'opportunisme est un truc qui me fait fuir, personnellement. Je crois qu'un bon réseau est un réseau qui se construit naturellement, sans forcing, sans harcèlement (même s'il se défend de « bienveillance » ou de « simple curiosité »).
Les gens qui ne viennent prendre de mes nouvelles que pour savoir chez qui je vais, mais que je n'ai pas vu pendant des mois voire des années pour prendre de mes nouvelles par ailleurs, ça me fait doucement rigoler :)
6 mai 2015
> Cependant, la question « Tu pars chez qui ? » est problématique en soi.
En soi c'est juste une question comme « tu manges où ce midi ? » (mais elle semble toutefois provoquer des réactions pour toi).
> Le fait que la question la moins intéressante soit systématiquement posée […]
Moins intéressante « pour toi ».
Ce que je perçois en creux dans ton billet c'est : de l'agacement, une certaine forme de colère, une attente de compréhension particulière (dont je ne sais la teneur et qui t'appartient).
Je t'avais parlé autrefois de la communication non-violente et d'un bouquin qui m'avait pas mal ouvert les yeux. Je l'ai mentionné à deux reprises sur mon blog et je t'invite à nouveau à le lire, ici :
http://emmanuel.clement.free.fr/blog/index.php/post/2013/11/13/Du-c%C3%B4t%C3%A9-de-la-vie
et ici :
http://emmanuel.clement.free.fr/blog/index.php/post/2014/01/05/Lectures-2013
7 mai 2015
Bah justement, c'est tout aussi inintéressant comme question ! :lol:
Non, je ne suis pas en colère, tout au plus juste un peu agacée par les inquisiteurs et les moralisateurs de tout poil :)
6 mai 2015
Merci pour ce billet, car (en plus de l'avoir joliment illustré) tu mets des mots sur quelque chose qui n'est pas toujours facile à vivre mais qui sera vécu par tous (à moins ne jamais changer de travail).
Le "tu pars chez qui" sous-entend un "qui est mieux que nous".
Alors que le travail est par définition : "le travail", les liens employés / entreprise-employeur se compare terriblement à un couple.
Dans notre cas, le "chez qui" correspond à "tu me quittes ? Elle s'appelle comment ? Je la connais ? Qu'a-t-elle de plus que moi ?"
J'ai vu des collègues partir, je suis moi-même parti, et il y a de tout...
Celui qui ne dit rien, celui qu'on voit chercher ailleurs à chaque fois qu'il en a marre, celui qui au final n'a jamais cessé d'être à l'écoute du marché, celui qui n'en peut plus, celui qui a envie de nouveauté, etc...
Les collègues qui restent veulent comprendre, savoir pourquoi on part, autant pour voir s'il y a vraiment mieux ailleurs ou pour se conforter de rester (tout comme ceux qui partent peuvent parfois dire aux autres "toi aussi, tu ferais mieux de ne pas rester").
Le pire est quand la question vient de l'employeur. Il peut essayer de te retenir, de te faire l'offre qui aurait fait que tu ne serais jamais parti s'il te l'avait fait avant, etc. On en revient à une histoire de couple.
OK, l'employeur investit sur l'employé, mais si l'employé ne s'y retrouve plus, il gagnera à en avoir un autre et à le laisser partir.
Aujourd'hui, je repense à mon ancien travail, l'ancienne équipe et je vois tout ce que ça m'a apporté. J'ai un regard très positif de cette expérience, c'est un repère professionnel. Si j'y étais encore, je râlerai toujours pour les mêmes choses, je n'aurai pas l'impression d'avoir évolué, d'avoir eu ce vécu et je serai peut-être moins épanoui. Même si j'ai retrouvé certains défaut de mon ancienne structure dans la nouvelle, mais qu'importe.
On part pour une somme de raisons.
Ce qu'on ne supporte plus dans notre entreprise actuelle, on finira par le retrouver dans la nouvelle car les grandes lignes sont les mêmes partout.
Mais ce sont les petites lignes qui font la différence, et quand on les a lues et relues, on a besoin d'autres choses...
Le travail fait partie de notre épanouissement, prendre en compte uniquement la partie professionnelle serait ne pas voir l'ensemble de l'équation.
Moralité, on ne part pas "ailleurs", on ne part pas forcément "pour mieux" (un "mieux" qui sera subjectif de toute façon), on part simplement "pour soi".
Donc je te souhaite une belle réussite chez qui tu vas :)
7 mai 2015
Salut Philippe ! Merci pour ton long commentaire. :)
Marrante, ton analogie ! Ça va un peu loin pour moi, toutefois je suis d'accord pour dire que le travail cristallise beaucoup de liens affectifs — parfois un peu étouffants.
…Ou pas ! :lol:
Je pense que c'est sage. Jeter un regard bienveillant sur le passé, faire abstraction des éventuelles rancœurs (qu'il faut avoir résolues avant de partir pour avoir la conscience tranquille et l'esprit libre), laisser le temps jouer son rôle de « nettoyeur de mauvais souvenirs », et ne pas trop s'attarder sur les « j'aurais pu, j'aurais dû ».
Du reste, j'essaie, humblement, de voir le bon côté de chaque chose au quotidien, même des choses qui me semblent très négatives. J'essaie de trouver des circonstances atténuantes aux personnes mal intentionnées, j'essaie de voir la finalité plutôt que le détail. Mais c'est un exercice de tous les jours, et parfois je m'englue moi-même dans un petit tourbillon mental qui ne fait que nourrir le négatif avec du négatif.
Toutefois, je me rends compte que, avec l'âge, je suis plus calme et plus bienveillante à l'égard de mon passé, et surtout, je profite davantage de l'instant présent.
No regret! :)
Merci pour tes vœux !
7 mai 2015
Coucou ex-collègue,
Tes billets sont toujours supers mais cette fois je prends le temps de le dire. Bravo.
Tu es quelqu'un qui fait très attention à ta vie et à ton espace privé. J'ai déjà eu l'occasion de ne pas le respecter par impolitesse et / ou manque de compréhension et tu m'avais fait la remarque. Je m'en excuse à nouveau, depuis j'essaye d'évaluer bien plus mes interlocuteurs avant de me comporter comme ma nature me l'indique. Donc merci pour cet enseignement.
Pour revenir au sujet de ce billet, je rejoins pas mal d'avis qui disent que te demander où tu vas revient à demander la conclusion de tes réflexions. Il s'agit d'une information qui sera de toute manière un jour publique, ce qui revient donc à ne pas "trop" empiéter sur les raisons, forcément personnelles, de ton départ. Après l'insistance, c'est un autre sujet...
Du coup, et bien je suis curieux de savoir qu'est ce qui a fait penché la balance vers le départ, même si j'imagine pas mal de raisons possibles. Mais ce sera peut être l'occasion d'une discussion en privé si l'occasion et l'envie se coïncident.
En attendant, une excellente nouvelle aventure à toi, et continue d'apprendre, c'est ça le plus cool.
8 mai 2015
Salut Bastien ! Merci pour ton commentaire, c'est sympa de te croiser par ici :)
*blush* Merci !
Oui voilà, cette info finira par être dévoilée de toute façon, et puis franchement ce n'est pas non plus les codes de l'arme atomique dont on parle, donc voilà, l'intérêt que ça semble susciter et l'insistance en question me semblent complètement démesurés !
Tout à fait ! :) La discrétion est de mise.
Je suis bien d'accord ! J'ai encore une longue route devant moi, c'est ça qui me motive. Merci pour tes bonnes ondes ! ^.^
9 mai 2015
Bonjour!
Pour ma part, puisque je suis ce blog par ci par là sans trop te connaître, j'avoue que ma curiosité a été piquée par tes changements de vie. A ton annonce de changement de travail je me suis juste dit que tu ferais comme beaucoup d'entre nous et te lancerais en freelance.
Apparemment ce n'est pas le cas et vu que j'ai une connaissance assez faible de l'eco-système des agences web, la question du "qui c'est? " m'intéresse assez peu.
J'avoue que ma curiosité est un peu intéressée mais en lisant tes articles je me pose plutôt la question de savoir si tu vas changer un peu de domaine, de mission voire de métier... je suis dans le cas où un changement de taff m'à finalement fait voir tellement d'autres choses en dehors de mon métier que je suis un peu au milieu du gué, à mi-chemin entre plusieurs trucs, que j'avoue,lire des blogs comme le tien avec des retours d'expérience, ça peut m'aider à réfléchir ou à relativiser c'est selon.
bref le "chez qui" on s'en fout un peu ;)
14 mai 2015
Salut Sophie ! Sois la bienvenue sur mon blog, et merci pour ton commentaire :)
Ta question est très intéressante ! (D'ailleurs, c'est marrant de voir que tu es la seule à me l'avoir posée…)
Donc non, mon nouveau boulot ne s'accompagne pas d'un changement de domaine. J'ai la sensation que j'ai encore beaucoup à apprendre dans mon boulot avant d'être blasée au point de vouloir m'essayer à autre chose.
Ceci dit, je ne te cache pas que j'y ai déjà pensé. Au plus sombre de mes journées laborieuses, je me demande sincèrement à quoi sert tout ce code et toutes ces images que l'on crée. Est-ce que ça participe vraiment au mieux-être de l'humanité ?
Bien sûr, lâchée comme ça, la question semble au mieux naïve, au pire idiote, mais dans le fond ce questionnement continue de me nourrir. Cela m'aide à prendre du recul sur « le Travail » (avec un grand T), et aussi à déculpabiliser quand je ne réussis pas quelque chose aussi vite ou aussi bien que je l'aurais souhaité.
Il y a d'autres domaines qui m'intéressent, professionnellement. Maintenant, j'ai une image assez négative de la France en matière de bifurcation pro et de changement d'orientation professionnelle. Le sentiment que la validation des acquis de l'expérience, que la formation continue, tout ça, c'est cher et c'est abstrait.
J'ai aussi vu des exemples autour de moi de gens qui ont fait un FONGECIF qui n'a pas abouti sur leur poste de rêve. Cela remet les choses en perspective.
De là à « pisser du code » (comme qui dirait) jusqu'à la fin de ma vie, sincèrement, j'en doute fort. Outre l'envie de produire davantage de design et de solutions graphiques, j'ai envie de m'impliquer davantage dans la communication au sens large, mais j'ai aussi des velléités de transmission, sinon de « management ». Je déteste le côté « petit chef / hiérarchie », mais je commence à ressentir l'élan nécessaire pour transmettre et encourager.
Je ne sais pas trop vers quoi cela me mènera… Mais j'ai déjà hâte d'y être ;)
J'en profite pour te dire que je découvre ton blog à l'instant, et que j'y ai déjà lu des choses très inspirantes (notamment ton bilan 2014 – superbe !). Je m'abonne :)
12 mai 2015
Coucou Marie !
Tu mets le doigt sur une problématique réelle et je pense comme certain que derrière cette première question se cache un ensemble de choses qui peut dépendre aussi bien de la personne qui la pose que de sa propre expérience dans la boîte, ou encore de son lien d'amitier avec toi.
En tous les cas, peu importe où tu vas, l'important c'est d'avancer à ton rythme et avec tes convictions.
Je te souhaite plein de bonheur dans ta prochaine activité. :)
14 mai 2015
Salut Geoffrey !
Tu as complètement raison. Ce qui est drôle c'est que je ne l'avais pas du tout perçu comme ça quand j'ai écrit ce billet ; ce sont vraiment les commentaires qu'il a suscités qui m'ont ouvert les yeux là-dessus.
Une démission ce n'est jamais anodin, ça fait partie des moments un peu « couaquesques » de la vie (du mot « couac » !), cela brise forcément certains équilibres qui s'étaient constitués avec le temps – bref, c'est toujours un peu douloureux.
Mais le meilleur est toujours à venir :)
Merci ! Tout le meilleur pour ta nouvelle aventure également ! ^.^
21 mai 2015
J'aime toujours beaucoup la façon dont parles de ta vie, sans trop en dévoiler mais en même temps assez pour donner à réfléchir à la sienne, et à se (re)poser des questions existentielles...
Je me suis sentie un peu honteuse en lisant ce billet parce que je me suis moi-même aussi posée la question "alors, elle part "chez qui" ?" ;)
J'y ai donc réfléchi.
Dans notre métier, on a l'habitude de voir régulièrement partir les collègues, et je me rends compte que rarement se pose la question "pourquoi tu pars ?"
Peut-être parce qu'on le sait, en général. On sait ce qui ne va pas dans la boîte, souvent on en parle à la pause, on râle... mais personne ne part vraiment, on se contente de ce qu'on a... mais souvent on sait que l'autre part pour de meilleurs pâturages ;)
Pour moi, quand on demande vers où va l'autre, ce n'est pas forcément de la curiosité mal placée, mais c'est de se tourner vers ces nouvelles aventures qui l'attendent, c'est une façon de tourner la page du chapitre en question et s'intéresser au prochain chapitre.
Puis, plus personnellement, savoir vers où va l'autre, ça peut inspirer, donner des idées... si c'est "juste" partir vers une autre agence, en effet ça n'a pas grand intérêt mais parfois, ça veut aussi dire un changement de cadre de vie, un déménagement, parfois une reconversion... je voue une grande admiration aux personnes qui osent changer de vie, qui suivent des chemins tortueux. Je me souviens d'une collègue développeuse qui, une fois son contrat terminé, partait dans les Alpes rejoindre des amis pour élever des chèvres, apprendre à faire du fromage pour ensuite le vendre... Certes, c'est extrême comme changement de vie, mais je trouve ça inspirant.
Je crois que se définir par son travail est quelque chose qui m'angoisse vraiment. J'aime croire qu'il n'y a pas que le travail dans une vie, et j'aime bien les parcours atypiques chez une personne que je rencontre...
Pour moi, la question "chez qui tu pars" n'est pas forcément malsaine, ça peut donner des idées, inspirer, donner un exemple...
Il s'avère qu'au final, tu changes "juste" d'agence, mais il y a un nouveau cadre intéressant, le télé-travail, sur lequel, je suis sûre, tu auras des choses à nous dire...
Je t'admire pour arriver à suivre ton instinct et ton chemin en faisant abstraction des avis des autres, c'est un chemin difficile je trouve, et en parlant ici, tu fais quelque chose de précieux : tu inspires les gens (moi, la première).
Pas de curiosité mal placée donc, mais sûrement de la curiosité bienveillante sur la suite de tes aventures oui :)
25 mai 2015
Salut Hélène ! Merci pour ton long commentaire :)
Merci ! ^.^
Moui, autant cette explication est effectivement vraie quand on connaît la personne « en vrai », et qu'on a déjà parlé du sujet avec elle, autant via le web cela me semble moins évident.
Je conçois que ça soit de la curiosité, que ça ne soit pas mal intentionné et que ça soit surtout une façon de lancer la conversation.
Ceci dit, tous ceux qui m'ont effectivement posé la question n'ont pas cherché à savoir – une fois la réponse obtenue – quelles étaient mes motivations, ce que je pensais trouver de mieux dans la nouvelle boîte, etc. C'était juste savoir à tout prix, et puis le néant. Ce qui tend à me prouver que j'ai eu raison de trouver tout cela vain.
Sans aucun doute ! ;-) Je réfléchis déjà à un voire deux articles potentiels sur le sujet… Et ce alors que cela ne fait que 15 jours que j'expérimente cela.
Merci beaucoup, c'est vraiment très agréable à lire et à savoir, même si j'ai toujours l'impression d'être un poil reloue avec mon petit bonhomme de chemin ! J'essaie en tout cas, oui, de ne raconter que ce qui est susceptible d'aider et d'encourager autrui, laissant de côté tous les détails / toutes les émotions à sens unique.
26 mai 2015
Jusqu'à maintenant, je trouve que tu équilibres plutôt bien vie privée/vie publique, et je pense que c'est tout un art... Je ne suis pas sûre que c'est quelque chose que je saurais faire, par rapport aux collègues, à la famille... au fameux "que vont-ils penser ?", "qu'en dira-t-on ?"
Bref, c'est toute une réflexion de comment construire son identité sur le web, et c'est un très bon sujet de conférence ;)
27 mai 2015
Bonjour,
La question à se poser est : « Et si ce sujet n’existait pas, à quoi aurais-je pu occuper les instants de ma non-participation à ce même sujet ? » Lol !
Comme quoi, dans la vie, tout est une question de choix. Le fait de ne pas choisir est déjà un choix en soi. On choisit un beau jour de quitter sa boîte ou bien quelqu’un choisit pour nous, ce qui est moins marrant.
Pour la première éventualité, il est vrai qu’un tas de perspectives s’offrent à nous. Une partie d’aventures, certes, d’incertitudes ; on quitte une certaine zone de confort, mais le champ des possibles est sans limites et la cime du fil de nos pensées les plus positives peut l’être bien plus encore. Sans compter toutes ces nouvelles personnes que nous serons amenés à connaitre.
Pour ma part, j’ai dû bosser dans une 30aine de boîtes, dans divers secteurs d’activités, avec 20 ans d’ancienneté dans la dernière. Pour terminer ma carrière professionnelle selon mes aspirations, j’ai choisi un beau matin (après une rupture conventionnelle tant à la mode de nos jours) et au beau milieu de la « crise » (ce mot est si cafardeux et opportun pour certains), de prendre mon envol et de créer ma boîte.
Pour ceux que j’avais largement moins en estime et qui me demandaient, juste pour savoir : « Et tu crées ta boîte de quoi ? »… J’aimais leur répondre : « Je ne sais pas, je vais créer ma boîte c’est déjà bien ! »
Au bout de 8 mois d’activité indépendante, je dois avouer très sincèrement que je ne regrette absolument rien, simplement de ne pas l’avoir fait beaucoup plus tôt.
Je souhaitais vous dire que, si vous avez des projets, des rêves qui trottent depuis trop longtemps dans un petit coin de votre tête, ce petit quelque chose qui vous permet d’espérer une vie meilleure, plus en conformité avec vos aspirations les plus profondes,… n’hésitez pas d’avantage, lancez-vous. Vous ne le regretterez pas, tout du moins, vous ne regretterez jamais de ne pas avoir fait ce choix.
Quoi qu’il en soit, bonne chance à vous et bon vent à vos projets futurs ! Et bravo Marie pour ce "non sujet" qui en est devenu un et pas des moindres...