Si vous êtes créatif∙ve, que vous souhaitez faire connaître votre travail, mais que vous détestez le concept même d’auto-promo, le livre Show your work de Austin Kleon est fait pour vous.
Ce petit livre jaune cache bien son jeu. Derrière un format mini, des chapitres courts et des citations un peu too much (par exemple : Be so good they can’t ignore you.
– Steve Martin), Show your work est un condensé d’inspiration et de motivation.
Je l’ai trouvé tellement exaltant, que j’en relis régulièrement certains chapitres. Ils sont courts, aussi je pioche au hasard dedans, je lis pendant cinq minutes, et hop, (re)motivée ! 8-) Je partage avec vous les conseils qui m'ont le plus marquée.
Partagez votre travail
Austin Kleon, donc.
Cet auteur américain, connu pour son premier ouvrage, Steal like an artist, démonte ici le mythe de l’artiste comme génie solitaire et incompris, et en propose une alternative abordable pour les gens comme vous et moi.
Avant d’écrire ce livre, Austin Kleon avait constaté que ses lecteurs lui demandaient sans arrêt comment ils devaient mettre en avant leurs créations, comment ils pouvaient sortir du lot et trouver leur public.
In fine, ce n’est pas vous qui trouverez « un public » pour votre travail : c’est lui qui vous trouvera. Mais, pour cela, être doué∙e dans votre domaine ne suffira pas : pour être trouvé∙e, il faut être « trouvable ».
Il faut bien sûr créer des œuvres de qualité et fournir un excellent travail, mais il faut aussi inclure le partage de votre processus créatif dans votre routine, plutôt que de tout partager à la fin, quand l’œuvre est achevée.
Partager votre travail créatif, vos découvertes et vos cogitations au quotidien est une habitude à prendre. En partageant spontanément ce sur quoi vous êtes en train de travailler, vos idées, ce que vous avez appris, vous rallierez des alliés à votre cause, des alliés qui pourront vous donner un coup de pouce, vous encourager, voire vous recommander plus tard.
Pour sortir de l’anonymat, il ne tient qu’à nous de partager notre univers et nos créations de façon instinctive et quotidienne pour multiplier les chances d’entrer en contact avec quelqu’un qui comprend.
Show your work traite aussi, en sous-main, d’e-réputation. L’idée est d’être inévitable en ligne, au point où votre réputation vous précède, notamment dans la sphère professionnelle : et si votre futur boss n’avait même pas à lire votre CV parce qu’il lit déjà votre blog ? Et si vous obteniez votre premier job à la suite d’un projet universitaire que vous avez partagé sur le web ?
Quelques idées de choses à partager
C’est bien gentil de s'entendre dire « Partagez votre travail ! », mais par où on commence exactement ?
Parmi toutes les pistes tracées par le livre, voici les idées qui me parlent le plus :
- D’où tirez-vous votre inspiration ? Quelles sont les choses que vous avez constamment en tête ?
- Que lisez-vous en ce moment ? Quels sont les sites web que vous visitez ? Quels sont les disques que vous écoutez ? Quelle est la dernière œuvre d’art qui vous ai chamboulé ?
- Que collectionnez-vous ? Que collez-vous dans votre scrapbook ? Qu’accrochez-vous sur votre mur pour rester inspiré ?
- Qui sont les créatifs dont vous admirez le travail ? De qui volez-vous les idées ? Avez-vous des héros ou des héroïnes ?
- Qui suivez-vous en ligne ? Qui sont les experts dans votre branche dont vous dévorez les paroles ?
Vos influences méritent d’être partagées parce qu’elles renseignent vos pairs sur votre identité et sur votre sphère d’expertise.
Au-delà de cette liste, assez terre à terre, je pense qu’il ne faut pas non plus hésiter à partager des expériences tangibles avec autrui. On a tous des anecdotes, bonnes ou mauvaises, à raconter, en particulier sur notre métier ou sur nos activités artistiques parallèles.
C’est important de documenter tout ça, car tout le monde ne le fait pas, ou ne sait pas le faire. Si vous avez la chance d’avoir une jolie plume, par pitié, écrivez et partagez. Ce que vous avez à dire intéressera forcément quelqu’un.
Soyez authentique
Un des points que j’ai bien aimé dans Show your work, c’est l’invitation expresse à être fier/fière de qui on est et de ce qu’on aime.
Bien sûr, il y aura toujours des gens pour nous dire que ce à quoi nous accordons de la valeur est bon à jeter. Il faut un certain courage pour continuer à aimer ce qu’autrui dénigre.
Célébrez ces choses, ayez le cran d’en parler et de les défendre.
Ne vous censurez pas trop.
N’essayez pas d’être « à la mode » : être ouvert∙e et honnête sur vos goûts est la meilleure façon de vous connecter aux personnes qui aiment les mêmes choses que vous, et qui suivent votre travail avec intérêt.
Créditez autrui
Quand vous êtes amené∙e à partager le travail d’autres personnes, créditez-les toujours.
Traitez le travail des autres avec le même soin et le même respect que s’il s’agissait du vôtre.
Si vous ne créditez pas correctement l’auteur d’une citation, d’un design ou d’une œuvre, non seulement vous piétinez cette personne-là en ne reconnaissant pas son droit à être citée comme auteure de l’œuvre, mais vous manquez aussi de respect aux personnes avec qui vous partagez son travail, en ne leur permettant pas d’en savoir plus.
Partager en attribuant le crédit à qui de droit est une forme de générosité. Vous donnez aux autres des pistes de creuser certains sujets.
Racontez de bonnes histoires
Votre travail ne parle pas pour lui-même. Prenez le soin de le décrire, de le nommer, de révéler le contexte, l’intention, de dévoiler le processus de fabrication.
Entrez dans les détails.
La façon dont vous allez raconter l’histoire de vos créations va avoir une grande influence sur la façon dont les personnes qui vous liront les comprendront : nous sommes viscéralement curieux, nous avons besoin de nous connecter les uns aux autres, et l'art, l'écriture, le design, peuvent nous y aider.
Votre histoire personnelle peut aider à rendre une œuvre complexe plus tangible, à créer des connections, et à faire découvrir des univers étrangers à des gens qui, autrement, seraient passés à côté.
Chaque email que vous écrivez, chaque tweet, chaque photo, chaque vidéo que vous partagez, chaque billet de blog, chaque commentaire que vous publiez, tout cela contribue à une grande entité narrative que vous êtes sans cesse en train de construire.
En somme, pour mieux partager votre travail, apprenez à raconter de bonnes histoires.
Sachez vous présenter
Show your work fourmille d’idées pour parler de soi et présenter son travail avec humilité.
Par exemple, supprimez tous les adjectifs de votre bio Twitter : ne dites pas que vous êtes un∙e « aspirant∙e photographe », dites que vous êtes photographe.
De même, ne dites pas que vous êtes un∙e « super photographe », dites que vous êtes photographe.
Ne faites pas le faux modeste ou la fausse modeste. Ne vous vantez pas. Énoncez juste les faits. Restez humble.
Unless you are actually a ninja, a guru, or a rock star, don’t ever use any of those terms in your bio. Ever.
Partagez vos secrets de fabrication
Quelle que soit votre expertise, votre passion, pour peu que vous travailliez à cette passion depuis plusieurs années, vous avez forcément des choses intéressantes à partager.
À la minute où vous apprenez quelque chose, partagez-le. Aidez les personnes qui vous suivent à devenir meilleurs dans la discipline qu’ils veulent mieux maîtriser. Racontez ce sur quoi vous avez buté, comment vous avez résolu le problème. Partagez votre enthousiasme d’avoir fait une découverte qui va changer votre vie.
Quelles sont vos techniques ? Quels sont vos outils de prédilection ? Quel genre de savoirs faut-il maîtriser dans votre discipline ?
Partager votre savoir ne dévalorise pas votre travail, au contraire : cela lui ajoute de la valeur et crée du lien.
Soyez un noyau ouvert
Si vous ne partagez uniquement que votre travail à vous, vous allez vous planter. Soyez un connecteur, un facilitateur, quelqu’un qui répond aux questions, qui aide les autres et les met en relation les uns avec les autres.
Taisez-vous et écoutez les autres. Arrêtez de vouloir forcément parler de vous, de votre vie et de votre œuvre.
Laissez la parole aux autres. Écoutez ce qu’ils ont à dire.
Oubliez vos statistiques
Arrêtez de regarder sans arrêt votre nombre de followers, qui vous suit, qui arrête de vous suivre. Préoccupez-vous plutôt de la qualité des personnes qui vous suivent.
Ne perdez pas votre temps à lire des articles du genre « Comment doubler votre nombre de followers en une heure ».
Ne fayotez pas auprès des gens que vous n’aimez pas.
Si vous voulez être suivi-e, soyez quelqu’un qui mérite d’être suivi∙e.
Identifiez votre clan
Plus vous fréquenterez les endroits que fréquentent les autres professionnels de votre branche, plus vous identifierez vos pairs.
Identifiez votre clan : les personnes qui partagent les mêmes obsessions que vous, celles qui partagent la même mission que vous, celles avec lesquelles le respect est mutuel.
Ils se compteront sur les doigts de la mains, alors chouchoutez-les. Faites votre possible pour nourrir la relation que vous avez avec ces personnes-là.
Recommandez leurs services dès que vous en avez l’occasion. Invitez-les à collaborer. Soutenez leurs projets.
Gardez-les aussi proches de vous que possible.
Encaissez la critique
Plus vous exposerez votre travail sur le web, plus la probabilité que quelqu’un critique votre travail augmentera.
Or, personne n’est jamais mort d’une mauvaise critique. Respirez un bon coup et passez à autre chose.
Il faut aussi distinguer deux genres de critiques : la critique du tout-venant, dont il faut se ficher, et la critique des personnes que vous estimez. Considérez cette dernière comme une opportunité en or d’améliorer votre travail.
Enfin, si certains détestent un aspect de votre travail, vous pouvez aussi décider de développer davantage cet aspect. Être détesté par certaines personnes est une médaille d’honneur.
Conclusion

Si vous vous demandez « comment prospecter », « comment obtenir de nouveaux clients », « comment vous faire connaître », je pense que la solution se trouve dans Show your work de Austin Kleon est fait pour vous. : partagez votre boulot, documentez votre expertise.
Beaucoup de vos concurrents ont un portfolio rutilant, blindé de références prestigieuses. Mais peu d’entre eux ont un portfolio rutilant, blindé de références prestigieuses, et dont le nom circule dans les hautes sphères de notre métier.
Occcupez le terrain : montrez-vous aux apéros web organisés dans votre ville, participez aux conférences et aux ateliers, commentez les blogs de vos pairs, interagissez avec eux sur Twitter, rejoignez des chans IRC spécialisés, bref, soyez là où les autres experts sont.
Partagez votre boulot : tenez un blog à jour, prêter votre plume à des blogs spécialisés, utilisez Facebook et Twitter pour partager votre veille, écrivez un livre, donnez une conférence. Si la perspective vous intimide trop, commencez par une session de questions/réponses via Hangout.
Faites du bon boulot, et sautez sur chaque opportunité qui se présente à vous.
Anyone who isn’t embarrassed of who they were last year probably isn’t learning enough.
J'espère que cette chronique vous a plu ! N'hésitez pas à partager avec moi ce que tout ça vous inspire en laissant un petit commentaire, ou bien en partageant ce billet autour de vous. :wink:
15 novembre 2014
Cet article est très intéressant ! Je suis justement en train de rechercher des idées pour parler un peu plus de mon travail.
Merci bien :)
15 novembre 2014
Cool 8-) Tu crées quoi ?
15 novembre 2014
Il y a plein de bonnes choses à tirer des points que tu as retenu de ce bouquin, ça semble fort motivant.
Tu me diras si je me trompe, mais tu es déjà en grande partie dans cette optique pour ton travail, et c'est aussi pourquoi la lecture de ton blog est aussi passionnante.
Par contre, autant au début de l'article, les conseils pouvaient s'appliquer à tout créatif (je fais aussi de la musique, en ce sens je me sentais très concerné), autant la fin est très orientée métiers du web, et là j'avoue que j'aurais plus de mal à l'appliquer dans ce domaine, bien qu'étant intégrateur. Sans doute par manque d'assurance. Mais ça me rappelle d'autres articles incitant à se lancer dans la formation, ou à proposer des articles, ou des conférences. Je ne suis pas sûr un jour de franchir le pas, honnêtement. Je ne me sens pas forcément plus légitime en tant que musicien, mais j'ai suffisamment d'expérience pour parler de pas mal de choses qui y sont liées.
Bref, ça donne envie de lire le bouquin complet, et de l'avoir sous la main en cas de coup de mou, pour se remotiver !
15 novembre 2014
Salut Tomek ! ;-)
Merci pour ton long commentaire !
Oui, j'essaie de partager ce que j'estime intéressant (par exemple, les making-of web design), mais ça reste assez anecdotique par rapport aux autres types de billets que je publie.
Je suis dans cette logique de ne parler de mon boulot qu'une fois qu'un projet est terminé ; or, Austin Kleon recommande de partager les « works in progress » au jour le jour. Je vais essayer d'en prendre de la graine !
Du reste, j'aime bien l'idée de partager un petit quelque chose chaque jour, c'est ce que j'essaie de faire (avec modestie et amateurisme) avec mon défi photo.
Maintenant, partager du design chaque jour, je trouve ça plus difficile que de partager une photo par jour… Le design est mon boulot, donc, inconsciemment, peut-être que je trouve ça moins « fun » que de chercher le petit détail à photographier…
</blabla>
Je comprends tellement ton ressenti ! Peut-être que tu ressens ça parce que la musique est lié à une passion personnelle, à une activité que tu pratiques avec plaisir dans ton temps libre, et qui fait appel à ta créativité, à tes émotions – là où l'intégration est ton boulot.
Se replonger dans le boulot le soir ou le week-end venu, même si nombre d'entre nous sommes des geeks qui avons du mal à lâcher le clavier une fois sortis du boulot, c'est moins motivant.
Je pense qu'il y aurait tout un tas de choses à partager sur le métier d'intégrateur au quotidien, cela dit, tout comme d'autres métiers techniques, non visuels – car c'est vrai que quand on entend « Montrez votre travail ! », on a tendance à comprendre que ça s'adresse surtout aux artistes et aux designers qui créent des choses visibles et sensibles, et moins aux métiers liés à la programmation, par exemple.
Mais le fond du problème n'est pas là : tu le dis toi-même, c'est un problème de « légitimité » (réelle ou imaginée) et de confiance en soi.
Tu n'es pas moins légitime qu'un∙e autre. La légitimité, tu l'obtiendras justement dès que tu oseras prendre la parole (en vrai, ou bien symboliquement, en publiant par exemple).
Pendant sa conf' à Paris Web, Goulven Champenois parlait justement du syndrôme de l'imposteur, et disait qu'en fait, à partir du moment où tu pratiques un métier, tu es légitime pour en parler, car tu es dans le feu de l'action.
Je suis d'accord avec ça ; je pense aussi que ce n'est qu'en confrontant des expériences et des points de vue différents qu'on apprendra vraiment quelque chose. Si tout provient toujours du même son de cloche, on va vite tourner en rond…
Donc voilà, si ce n'est « que » ça qui te bloque pour partager tes réflexions ou tes conseils d'intégrateur, je t'encourage à essayer. On y prend vite goût :) D'autant qu'il y a une véritable demande dans ce domaine, non seulement de la part d'aspirants intés, mais aussi de la part d'intés expérimentés.
Mais évidemment, il faut le faire au feeling. Tenir un blog, par exemple, ça prend un temps fou… Ça ne s'improvise pas, il faut être très motivé∙e.
16 novembre 2014
Je plussois :
Je dirais même que le fais de publier vas t'amener à devenir plus légitime car tu vas travailler sur tes idées, tes connaissances, voir faire des recherches et donc souvent créer des connaissances ! C'est un cercle vertueux.
16 novembre 2014
Bon, j'avais loupé ton défi 365, je vais rattraper ça. :)
De mon côté je n'ai jamais tenté, j'ai réussi à tenir un défi 52 en photo, mais au delà, ouch... j'ai participé aussi au défi créatif d'août lancé par Hellgy, et j'avais dans l'intention d'y mettre aussi de la musique, mais c'est je trouve beaucoup plus compliqué qu'une simple photo, et du coup je n'ai pas réussi à poster un seul son.
Oui évidemment, pour le design, c'est forcément plus délicat, dans le sens où le processus en cours n'est pas toujours montrable et intéressant à montrer. Et puis bon, si à chaque étape, il faut faire un billet, on n'avance plus !
De mon côté, le processus de création musicale est possible à mettre en mots, moins en musique pour le coup, à moins de partager des ébauches, ou des arrangements quand ils viennent d'être fait. Ou simplement un bout de quelque chose tout juste composé, comme je l'évoquais plus haut. Au risque de faire dans l'anecdotique. À moins de situer le contexte, d'expliciter la démarche, bref... c'est du boulot ! :)
Oui, c'est certain. Mais c'est une étape très difficile à passer pour moi. Quand je vois les spécialistes dont je suis les blogs, ça intimide, bien que j'en connaisse certains, et qu'ils sont très abordables et incitent à sauter le pas aussi... Ça viendra, peut-être.
16 novembre 2014
Je pense qu'avec un outil comme Tumblr, tu peux te permettre de ne publier qu'un extrait, une petite vidéo, ou une photo, sans forcément écrire quelque chose.
L'essentiel, c'est d'écrire de temps en temps, pour expliquer un peu ce sur quoi tu travailles, et créer du liant avec les personnes qui suivent ton boulot avec intérêt.
Mais de là à écrire tous les jours, je pense que c'est, sinon impossible, du moins contre-productif, quand l'écriture n'est pas ton cœur de métier.
Quant au reste… rien ne presse :)
15 novembre 2014
J'ai bien aimé cette chronique et l'ai trouvée inspirante. Toutefois, je ne suis pas très fan de cette notion de story-telling. Les publicitaires et les communicants la ressortent à toutes les sauces. C'est un fait qu'en se racontant on se "romance". Ça ne devrait pas être un concept.
En tout cas, les conseils que tu cites m'ont semblé très motivants... Même si je ne les suivrai probablement jamais, ne fréquentant pas les réseaux sociaux et n'ayant aucune envie de le faire, autant par flemme que par inintérêt. Mais je garde en tête l'idée de partager l'avancement de mes travaux et mes réflexions sur l'écriture, sur mon blog ou sur Itinéraire-Bis, peut-être.
(je me rends compte que ça fait un peu placement de produit, ça n'était pas le but ! Je me demandais si ce genre de billet pourrait être à sa place sur ce genre de site).
15 novembre 2014
Salut Kalys !
Merci ! ^.^
C'est vrai. Cependant, dès qu'on communique à titre personnel sur le web, on est déjà, qu'on le veuille ou non, en train de construire son image de marque.
Et l'attention des gens sur le web est hyper limitée ; on n'a que quelques secondes pour convaincre les utilisateurs qui tombent sur notre site de poursuivre leur lecture, de réagir à ce qu'on publie, de nous suivre, de nous envoyer un email, ou encore d'ajouter notre blog à leurs favoris ou à leur lecteur RSS…
Il faut donc synthétiser de façon agréable et engageante, et le storytelling est une façon simple d'y parvenir.
Quant au fait de « se romancer », tu as tout à fait raison. De là à se présenter comme quelqu'un qu'on n'est pas, il n'y a qu'une limite ténue. C'est un écueil d'autant plus dangereux qu'écrire, et surtout écrire de façon succincte, est super difficile.
Parfois je tombe sur des présentations totalement WTF, on sent que ça manque de relecture, de prise de recul… Parler de soi de façon objective est une des choses les plus dures qui soient.
Commencer par raconter une expérience, une anecdote, même si on en supprime les détails superflus et que l'on va à l'essentiel, est peut-être une façon simple de commencer. Qu'en penses-tu ?
Tu veux dire, montrer les coulisses d'Itinéraire-Bis sur Itinéraire-Bis ? Absolument ! Je pense que ce type de contenus, avec photos à l'appui, humanisent beaucoup le propos d'un site.
Pour ce que ça vaut, j'aime beaucoup les conseils que donne Kat Williams, du blog Rock'n'roll Bride, dans sa rubrique Green Room, par exemple celui-ci.
Quand on fait abstraction du léger melon ambiant, on y trouve plein de bons conseils pour dynamiser son blog ou son site. Même si tout n'est pas applicable à tout le monde, j'y pique souvent quelques idées !
16 novembre 2014
Merci pour le lien ! Tu l'avais déjà partagé, non ? Il m'a semblé familier... Ça fait toujours du bien de lire ce genre de conseils. L'auteure synthétise bien les éléments-clés du blogging, ce qu'elle dit semble couler de source mais c'est toujours bon de le rappeler. Et surtout... c'est motivant ! En tout cas moi ça me donne plein d'idées :)
Je comprends ce que tu dis à propos du story-telling. Je pense que je n'avais pas bien perçu la signification du terme, sans doute parce que cela fait tellement longtemps que je "m'écris" que je ne sais pas comment m'exprimer autrement.
Et c'est vrai qu'à chaque mise à jour ou changement de version de mon site, c'est bien la page "À propos" qui me pose le plus de problème ! Se dire sans paraître se vanter ni s'inventer... Je n'ai pas de recette malheureusement, mais je pense que j'ai appliqué ce que tu dis, en listant des expériences fondatrices sans pour autant m'y arrêter.
Et puis, je ne sais pas ce que tu en penses, mais toi et mois traînons nos guêtres sur le net depuis tellement longtemps... Pour ma part, je pense que plus les années passent plus je suis honnête. Sans doute parce que j'ai passé mon adolescence sur Internet qui n'en était aussi qu'à ses débuts, et que j'ai vécu cette période un peu dingue où tout était permis, où l'on abusait des pseudos, où l'on se cachait sur Caramail et où on se montrait sous un jour qui se voulait original et excentrique sur Parano.be... Progressivement, j'ai eu envie de revenir à quelque chose de plus simple, et plus sain :)
16 novembre 2014
Je ne sais plus si j'ai partagé celui-ci en particulier, mais je partage souvent les billets « green-roomesques » de Kat Williams, c'est peut-être pour ça que tu as cette impression :)
Ouais, c'est un exercice délicat. Aller lire ce qui se fait ailleurs peut être une source d'inspiration (encore faut-il résister à la tentation de faire siennes des tournures de phrases qui ne sont pas de nous, et y faire infuser sa propre originalité).
Je le redis sans cesse, mais ce n'est clairement pas sur les blogs français que je trouve ce genre d'inspiration : je préfère aller voir ce qui se fait ailleurs.
Dès qu'on parle d'image de marque personnelle, on se heurte à un bon gros blocage bien français. D'ailleurs, ce genre de bouquin n'aurait jamais été écrit en France, c'est typiquement américain comme façon de penser et de s'exprimer.
Je trouve ça rafraîchissant, même s'il faut toujours remettre les choses dans leur contexte culturel.
Tout ce que recommande ces « gourus » du marketing de soi n'est pas forcément applicable chez nous, où il y a une véritable police de l'humilité, en particulier sur le web, qui n'oublie jamais.
Y'a sans doute l'expérience qui joue, oui. :) Quand tu découvres le web, tu pètes un plomb, tout semble facile, possible, tu as le sentiment que tu peux être quelqu'un d'autre.
Et puis, à la longue, le masque tombe.
Mais je pense quand même que Facebook et son exigence initiale d'y utiliser notre vrai nom a énormément chamboulé les choses. Fut une époque où personne n'aurait donné sa véritable identité, le média n'était pas encore assez mûr, ça ne se faisait pas. La méfiance à l'égard d'Internet et de ses prétendues dérives battait son plein.
Maintenant que même Papy et Mamie ont un compte Facebook, ça s'est tassé. Si tu communiques en ton vrai nom, tu es référencé∙e comme tel∙le, c'est moins tentant de faire n'importe quoi sachant que ça risque de rester en ligne des années. Il y a eu une forme de responsabilisation, ce qui a pu influencer la façon dont on se présente sur le web désormais.
17 novembre 2014
Pareil, merci Marie !
17 novembre 2014
^.^
16 novembre 2014
C'est bizarre, autant je suis d'accord avec tout les conseils que tu énonces dans cet article et j'essaye pour une part de les mettre en œuvre, même sans forcément parler de créativité. Ça marche aussi pour les autres domaines de compétences.
D'un autre coté je suis toujours un peu sceptique avec les livres "mode d'emploi" concernant sa vie, sa créativité ou d'autres domaines. Ça souvent un petit coté "Comment vous faire connaitre en écrivant un livre sur comment vous faire connaitre ?". Bon ça ne doit pas être le cas de celui là, vu que tu en parles en bien…
J'aimerai que tout ces bouquins finissent par un paragraphe du style "Je vous ai parlé de mes habitudes, de mes règles, mais en fait la règle la plus importante c'est de suivre ses propres règles. Alors jetez ce bouquin, abandonnez le quelque part, oubliez tout ce que je vous ai dis et tracez votre propre chemin !"
16 novembre 2014
Coucou !
Je comprends ton impression, mais on pourrait dire ça de tout bouquin de développement personnel ou de marketing.
Clairement, ce n'est pas parce que quelque chose fonctionne pour quelqu'un, que ça va forcément fonctionner pour soi.
Ce livre présente tellement d'idées et de pistes différentes, que tu as la matière pour y picorer ce qui t'intéresse et ce qui semble le mieux correspondre à qui tu es et à ce que tu fais.
Il n'y a pas vraiment d'exemples concrets, c'est plus une réflexion générale. La forme et le rythme que tu donneras à ces idées dépend entièrement de toi. Ce n'est pas aliénant, comme en effet certains « conseils » peuvent l'être.
Bah justement, l'auteur conclut son livre de la façon suivante :
;-)
16 novembre 2014
Ce livre semble récapituler énormément d'articles que je lis sur différents blogs ces derniers temps. Vu que le domaine t'intéresse, peut-être les connais-tu ?
- The private life of a girl
- Love grows design
- Jennypurr
- Ember & march
- pour n'en citer que certains, j'avoue avoir un énorme tri à faire dans mon lecteur de flux RSS...
Pour rester au domaine "blog" plus particulièrement, j'ai vraiment l'impression qu'après toute la vague "comment se promouvoir", "comment exploiter les différents réseaux sociaux", "comment monétiser son blog", ... on arrive maintenant à un retour plus fondamental, plus authentique sur le rôle même du blog, à savoir une démarche personnelle. Comme si on se rendait compte qu'un contenu authentique et marqué d'une identité sincère est vraiment gage de qualité.
J'en tire surtout comme leçon "Soyez fier de qui vous êtes et de ce que vous faites, et partagez-le :) "
En tout cas ton article donne bien envie de lire ce livre qui condense pas mal de pistes de réflexion pour toute remise en question créative, je pense que je vais me l'acheter !
16 novembre 2014
Salut Eliness !
Merci pour ton chouette commentaire et pour ces liens, que je vais m'empresser d'aller lire avec délectation. :) (Tu as vu juste, c'est exactement le genre de ressources qui me bottent.)
Oui, car il y a une telle concurrence, que si on applique tous les mêmes recettes « magiques », tout finit par se ressembler.
Et comme l'ennui naquit un jour de l'uniformité… Mettre en valeur son petit monde et ses différences semble être la façon la plus fondamentale de sortir du lot.
Après, c'est comme tout : tout dépend de ce qu'on a envie de faire. Certain∙e∙s s'en fichent comme d'une guigne d'être visibles et contactables. Ils utilisent le web « juste comme ça », il n'y a pas d'objectif réel derrière leur présence sur le web.
Pour celles et ceux dont c'est le métier, comme moi, et qui ont, au contraire, un objectif précis, il y a une véritable opportunité de creuser son propre sillon, sans piston et sans budget particulier, simplement en communiquant mieux.
Cool ! :)
17 novembre 2014
C'est intéressant ça, parce que moi je suis davantage dans une démarche de partage un peu bordélique au fur et à mesure de mes envies d'écrire, sans réel objectif à part de limiter l'éparpillement numérique sur N services.
À l'occasion si tu fais un billet pour expliquer à quoi selon toi sert ton site, je suis lecteur :)
17 novembre 2014
Ok, Stef, je note ! Merci pour la suggestion :)
17 novembre 2014
Salut Marie !
Je vais probablement re-dire quelque chose qui a déjà été énoncé dans les nombreux commentaires que cette chronique suscite (j'avoue ne pas avoir eu le courage de tous les lire, mais comme ils ont l'air passionnants, je reviendrai dans ce but) : ces conseils, que tu transcrits avec brio, s'appliquent à tous, même aux "pas créatifs".
Du moins, c'est que je me suis dit en lisant ton compte-rendu : ces conseils peuvent s'appliquer à mon blog d'histoire de l'art, mais également à la manière dont je (dois) expose(r) mon travail de chercheuse sur le net...
Après réflexion, je me suis rendue compte que je concevais, au fond de moi, mes activités de recherche et de blogging comme "créatives". En effet, si je n'ai aucun sens du graphisme et que je n'aspire pas à "faire de la photographie", je ressens que mes activités professionnelles et amateurs (mon blog Orion en aéroplane, mon tumblr et mon carnet de recherche Isidore et Ganesh, mais aussi mes recherches universitaires et mes jobs en bib) comme très créatives. Elles m'apportent beaucoup d'épanouissement, et je me satisfait d'un billet "bien illustré" ; un mémoire imprimé est une véritable réalisation de moi-même.
Bref, de bons conseils à mettre dans toutes les mains ! Et à défaut de posséder ce livre, c'est ton billet que je viendrai régulièrement relire !
17 novembre 2014
Salut Joh !
Merci beaucoup pour ton commentaire :)
Ah, mais totalement !
L'auteur se décrit lui-même comme « un auteur qui dessine », et son livre ne s'adresse pas qu'aux designers et qu'aux artistes plasticiens.
C'est sans doute ma propre lecture qui a influencé mon compte-rendu, mais le contenu du bouquin parle autant de musiciens, que de publicitaires, que d'entrepreneurs, que de peintres…
Je pense qu'en effet, tu as énormément de matière à partager sur le web, d'ailleurs, tu le fais déjà ! :) (J'ai en tête des photos impressionnantes de tes post-it et de tes murs de notes…)
Comme je te comprends ! Tu y mets toute ton énergie et toute ta passion, bien sûr que c'est créatif et intellectuel. Je pense que tu as beaucoup de mérite d'écrire et de publier tout ça.
Cool, tu m'honores :)
24 novembre 2014
Hum il faut avoir de la confiance en soit pour appliquer cela... Ce post est intéressant je pense que je vais acheter ce livre, ce sera une sorte de thérapie !
24 novembre 2014
Bonsoir Anne-Cécile !
Je pense que c'est comme tout : la confiance en soi, ça se travaille. Les idées proposées par Austin Kleon dans ce petit livre sont assez faciles dans l'ensemble.
Le plus dur, c'est de s'y mettre… Ensuite, ça suit tout seul !
24 novembre 2014
Salut,
il y a de bien beaux commentaires par ici.
Perso, je comprends l'intérêt créatif d'avoir une rigueur de produire tous les jours, par exemple. Mais le conseil de partager cette création systématiquement me semble pas judicieux.
Je préfère les retours d'expérience ou les réflexions posés que les Work in progress brut. Qualité vs. quantité, j'imagine.
Par contre je cautionne tout ce qui va contre le bullshit (ninja, guru et cie), c'est une vraie plaie. Le public n'étant pas forcément assez critique, le danger est de mettre en avant ceux qui parlent le plus.
27 novembre 2014
Salut Rémy,
Merci pour ton commentaire :)
Oui, c'est sûr que dit comme ça… Je pense toutefois qu'il ne faut pas voir ce conseil comme une injonction, mais plutôt comme un encouragement à sortir de sa coquille. Entre ne rien partager du tout avant des mois, et partager tous les jours, il y a sans doute un juste milieu à trouver ;-)
Tout à fait. Surtout quand on débute dans une profession / dans un domaine, on est facilement impressionnable. À chaque jour son nouveau messie…